Les services de l'Elysée sont-ils totalement incultes ou essayeraient-ils, au nom du "politiquement correct" européen, d'essayer d'adoucir cette douloureuse partie de l'histoire du continent ?
C'est en effet la question qu'il est légitime de se poser en constatant à la lecture du carton presse reçu par le magazine Le Point (voir plus bas dans l'article), qui continue de célébrer pour la deuxième année consécutive "l'armistice du 8 mai 1945", alors que, précise Le Point, " il n'y a jamais eu d'armistice à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais bien une capitulation pure et simple, sans condition, des nazis, qui s'est produite en deux temps : au PC du général Dwight Eisenhower, à Reims, le 7 mai 1945, et, deux jours plus tard, au PC du général Gueorgui Joukov, à Berlin, en présence du général français de Lattre de Tassigny." Et pourtant, dans la liste officielle des collaborateurs du Président, nul n'a remarqué cette importante bévue ! Cette confusion est assez courante sur le Net, mais peu recevable par les services de la Présidence de la République.
Alors, quelle est la définition du terme Armistice ? Nous vous livrons celle, disponible sur Wikipédia et donc accessible à n'importe quel conseiller, y compris stagiaire de l'Elysée disposant d'une connexion à l'Internet : "Un armistice est une convention signée par plusieurs gouvernements mettant fin à des hostilités entre armées en temps de guerre. Mais il ne met pas fin officiellement à la guerre. C’est le jour qui marque officiellement la fin d’un conflit ; il est souvent considéré comme une fête nationale pour les pays sortis vainqueurs d’un conflit armé. C’est une suspension des hostilités après un accord entre les belligérants." Et Wikipedia d'ajouter : "La capitulation est une décision militaire, reconnaissance d'une défaite majeure. Cette décision peut être prise par un chef d'armée ; c'est une décision lourde de conséquences, pour l'armée concernée (mise hors de combat), pour le territoire voire le pays tout entier (prise de place forte, etc.) (...) Les vainqueurs peuvent organiser leur administration à leur guise (...)" Ce qui valut à certains soldats du contingent, dont le rédacteur de cet article, d'occuper l'Allemagne dans le cadre des Forces Françaises en Allemagne (FFA).
Le Point explique pourtant : "Nous avions déjà signalé l'an dernier une grossière erreur des services de l'Élysée : ils avaient diffusé, lors de la 64e célébration nationale de la capitulation allemande du 8 mai 1945, un dossier de presse évoquant un soi-disant "armistice du 8 mai 1945" qui n'a jamais existé. Pensez-vous que la leçon fut apprise ? Nullement. "
Cette "grotesquerie grotesque", comme dit un personnage du "Père noël est une ordure", a donné lieu à des situations particulièrement cocasses. Ainsi un discours prononcé par Serge Dassault que nous avons retrouvé, et dans lequel il était obligé de corriger l'erreur des services de l'Elysée.
Commémoration Armistice du 8 mai 1945 - Discours de Serge Dassault
"Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs les Elus, Cher Amis,
Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour commémorer ensemble le 59ème anniversaire de l’Armistice du 8 mai 1945, qui a mis un terme à la 2ème Guerre Mondiale. Ce fut, le 8 mai 1945, la capitulation de l’Allemagne, sans condition, la fin de la dictature dans ce pays, la libération de tous les camps de concentration, la fin de l’antisémitisme ; du moins on l’espérait (...) " - Source Serge Dassault
Le Point indique : "En 2009, de mauvais camarades nous avaient expliqué que la faute était imputable aux services du secrétaire d'État aux Anciens Combattants." Nous avons donc décidé de nous rendre sur le site du gouvernement et de regarder la page consacrée à Hubert Falco, l'actuel Secrétaire d'Etat aux anciens combattants, sur laquelle la dernière mise à jour remonte au ... 25 septembre 2009. Nous avons, par contre bien trouvé deux articles datant de 2008, sur l'armistice de ... 1918. Nous avons également trouvé un lien vers un site portant le nom de : "1918 - 2008 90 eme anniversaire de l'armistice" sur lequel on peut lire : "(...) Le général Foch, devenu premier généralissime des armées alliées en avril 1918, parvient à coordonner la défensive contre les attaques allemandes puis, dès le mois d’août, ordonne une contre-offensive générale sur tout le front ouest qui s’achève par l’armistice du 11 novembre 1918, signé à Rethondes."
La "gaffe" des services de l'Elysée pose une fois de plus le problème de l'apprentissage de l'histoire, comme l'expliquait le prédécesseur d'Hubert Falco, l'ancien socialiste passé avec armes et bagages au gouvernement : Jean-Marie Bockel sur son site : La Gauche Moderne
" (...) À l’heure où on lance un débat sur l’identité nationale, faire fi du caractère fondamental d’enseignements tels que l’Histoire et la Géographie, est absurde et dangereux. Le débat sur l'identité nationale n’apparaîtrait plus que comme une péripétie électoraliste si s'opérait une telle réforme. Rendre optionnelle la connaissance du vingtième siècle est à proprement parler impensable. Les deux guerres mondiales, le Chemin des dames, la Révolution d’Octobre, la Shoah, la Libération, De Gaulle, la décolonisation, la Guerre froide, le traité de Rome, la chute du Mur, mais aussi 1958, 1968, 1981 : ce ne seraient que de simples mots, de simples dates ? Ce serait un risque de dissoudre un peu plus la citoyenneté dans un consumérisme déjà si présent et s’empêcher de fonder la République sur l'exercice de la raison partagée (...) "
Il pourrait peut être en toucher un mot au Chef de l'Etat et à son collègue de l'éducation nationale, qui pourrait en parler à ...