Je me demande s'il y a un moyen, pour un particulier, de consentir un prêt à la Grèce (à sa modeste mesure, évidemment). Taux long à presque 11% c'est plus de deux fois plus qu'un PEL. Taux court à 3 mois à 3.75%, c'est trois fois mieux qu'un livret A. Il faut dire aussi que Standard's and Poor abuse quelque peu en classant la Grèce comme placement spéculatif. Faut pas pousser non plus. On est dans le délirant : la Grèce est considérée comme moins fiable que le Vénézuela ou l'Argentine !!!
Il faut dire aussi que les Grecs sont pris en tenaille : atermoiements et défaut de solidarité du côté des partenaires, absence de courage et d'honnêteté du côté des forces politiques grecques. La Grèce a besoin d'un gouvernement et d'une majorité commando qui savent qu'ils ne pourront pas être réélus s'ils mettent en place les mesures nécessaires à un redressement du pays. Il me semble que la principale mesure, c'est de mettre fin à la fraude fiscale. L'économie souterraine représente près de 40% du PIB du pays, jusqu'à 60% selon certaines estimations. Le vrai et principal problème de la Grèce, c'est en fait celui-là ; sans la fraude, qui est généralisée, je crois que la Grèce n'aurait pas de déficit budgétaire. C'est inutile de viser les coupes sombres dans l'appareil de l'État, la fonction publique ou les retraites. Non, il faut en fait un investissement massif dans une justice, une police et des services fiscaux intègres en payant les contrôleurs fiscaux au résultat. La voilà la thérapie de choc. Que la Grèce parvienne à faire rentrer l'argent qui devrait y rentrer dans ses caisses, et elle est sauvée. Elle n'aura même plus besoin d'emprunter. Sa classe politique est-elle assez intelligente pour faire respecter les lois de ce pays une bonne fois pour toutes ? Bien évidemment, il faut aussi massacrer le clientélisme : par exemple, les backchich pour couper les files d'attente dans les hôpitaux, obtenir de meilleurs soins d'une infirmière et cetera...
Il ne faut pas interdire aux Grecs de travailler plus (par exemple aux enseignants de donner des cours privés) mais les Grecs doivent payer leurs impôts. Le vrai signe de déliquescence dans un État, c'est quand l'impôt ne parvient plus à rentrer dans les caisses.
Les Grecs doivent en profiter pour mettre en place une fiscalité intelligente : des impôts modérés, mais justes et de la sévérité pour les percevoir. Il serait subtil d'annoncer une légère baisse des impôts sitôt les équipes de percepteurs et contrôleurs opérationnelles. Des impôts justes, qui ne spolient ni ne découragent, mais, corollairement, le coup de matraque fiscale pour les fraudeurs : il ne faut pas hésiter à coller des amendes monumentales à ceux qui pratiquent le travail au noir systématique, surtout quand ce sont des avocats, médecins libéraux, toute profession qui ont la possibilité de s'en sortir mieux que les autres catégories de travailleurs. Pour être censé, il faudra aussi mettre fin aux subventions idiotes qui donnent lieu à toute sorte d'abus.
Des voix réclament le largage de la Grèce de la zone euro. Sacrée erreur ; dès lors que les Grecs font le nécessaire pour être crédibles, il faut au contraire ne pas les lâcher. Il faut bien comprendre qu'un défaut de solidarité porterait un coup terrible à l'euro et à la crédibilité politique de l'Europe. Il faut pour l'Europe être crédible tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Par rapport à nos propres partenaires, il ne faut pas les soutenir sans conditions afin que tout le monde comprenne que l'on ne peut pas faire n'importe quoi ; mais dès lors que les mesures nécessaires sont prises, il faut alors annoncer une solidarité sans faille pour un état membre.