« Le pilon. Le pire qui puisse arriver à un livre. Une énorme bécane qui vous broie, triture, lacère, éparpille dans un vacarme effroyable. Venu du papier, vous retournez au papier. Et pour aboutir à quoi ? A du papier d’emballage ou des magazines, parfois d’autres livres. Le livre qui va au pilon. Le plus souvent, il n’est même pas né. Il n’a jamais été sorti de son carton. Ou s’il en est sorti, c’est pour y retourner vite fait, le libraire en ayant assez de le voir trainer sur ses présentoirs. La plupart n’ont vu la lumière du jour que durant quelques secondes, car avec les nouvelles techniques, il n’y a même plus de temps de séchage. Ce n’est pas mon cas. J’ai vécu, j’avoue que j’ai vécu. ». (page 128)
Un livre, dont nous ne connaitrons ni le titre, ni l’auteur, est le narrateur de ce roman. En 35 chapitres, il raconte sa vie, de l’entrepôt à sa fin en Afrique, en passant par la librairie, la bibliothèque, les lecteurs et lectrices… Une vie pleine de rebondissements pour un petit roman truffé de citations et autres références littéraires.
Ecrit de façon franche par un auteur qui n’a plus à prouver sa maitrise de la langue française, « Le Pilon » est préfacé par Patrick Cauvin, autre amateur de belles lettres, qui se trouve, d’après ce que l’on comprend, être le voisin de Paul Desalmand.
Je ne l’ai pas lu comme un roman - peut-être parce qu’il ne m’aurait, sinon, pas fallu trois heures, et qu’une vie entière (fût-ce celle d’un livre) ne peut s’envisager sur si peu de temps. Les chapitres sont autant d’épisodes délectables, tantôt drôles, tantôt instructifs.
Ce petit livre est une belle découverte, passée presque inaperçue à sa sortie en 2006.
Quelques chapitres sont proposés à la lecture ici.