Les apprentis sorciers qui nous dirigent vont-ils, enfin, prendre en compte l’impasse dans laquelle l’Europe, mais aussi le reste du Monde , est engagée ? Rien n’est moins sur tant le néolibéralisme démontre chaque jour sa nature de troisième totalitarisme, après le nazisme et le stalinisme.
Deux caractéristiques se confirment. La volonté de créer un homme nouveau, l’homo economicus, mu par ses seuls intérêts et, armé des « progrès » d’une technologie folle, en guerre contre tous. La soumission, quelles qu’en soient les conséquences, à une « loi » d’accumulation de richesses de plus en plus grande au profit d’un nombre de personnes de plus en plus réduit avec progressivement l’exclusion de presque tous y compris d’adeptes forcenés de ce système mortifère.
Deux sujets d’actualité sont particulièrement révélateurs. Les retraites, d’abord. Type même du problème créé par ce système économique et présenté comme une conséquence d’une loi naturelle, celle de la démographie. Nulle loi naturelle en fait mais depuis les années 1980 le holdup réalisé par les capitalistes avec le gel et l’allègement des cotisations sociales et donc la diminution du salaire brut. Avec pour seul résultat l’accroissement des profits et l’augmentation du chômage. Logique qui si elle est poursuivie coupera le moteur de la consommation et emportera, à terme, la plupart de ceux qui en sont les ardents défenseurs.
La crise de la zone Euro ensuite. Zone infernale où l’impuissance des États et des institutions européennes a été construite progressivement et parachevée avec le génial et anti-démocratique traité de Lisbonne. Les « marchés » sont devenus tout puissants et les acteurs à l’origine même de la crise financière ont repris leur jeu toxique allant jusqu’à s’effrayer eux-mêmes. Maîtres de la prophétie auto-réalisatrice et de la double contrainte ils parient sur l’impossibilité pour la Grèce, puis le Portugal…, de rembourser ses dettes en créant les conditions mêmes de l’impossibilité de ces remboursements. Que ces états se déclarent, ou menacent de se déclarer, en cessation de paiement !
Enfin last but not least, on voit réapparaître des tensions nationalistes dans une Europe dont le seul ciment utilisé pour sa construction a été l’argent et l’intérêt personnel. « Les Allemands ne veulent pas payer pour les Grecs ! » nous dit-on, par exemple, évoquant à 70 ans de distance de curieux échos.
Heureusement beaucoup parmi les citoyens et quelques-uns parmi les politiques se rendent compte que « Le roi est nu ». Ne le laissons pas se revêtir et accompagnons la métamorphose en cours. Comme le dit si bien Edgar Morin, l’Histoire démontre que « dans toute catastrophe se trouve, en germe, sa solution ».