3. L'Eglise est chrétienne, et non post-chrétienne, comme on l'a répété jusqu'à l'écœurement dans la sphère de la gauche hégélienne. Certes, nous sommes bien après Jésus dans le déroulement du temps, mais nous ne sommes pas après le Christ, lequel est dans l'éternité (Hébreux 13, 8). Car le Christ est vivant, et l'Eglise ne s'en trouve pas débarrassée, comme le serait une veuve joyeuse : elle est au contraire « Madame Jésus-Christ », ni moins ni plus et plus que jamais (Ephésiens 5, 21-33). Encore moins sommes-nous sortis du christianisme en poussant jusqu'au bout la dialectique qu'il aurait mise en branle, celle qui aboutit à l'athéisme fraternel, de la fameuse modernité qui a fait long feu... Non, l'Eglise n'est pas née en catastrophe, parce que le royaume escompté ne serait pas venu. Elle ne succède pas à Jésus, comme l'association qui se serait créée pour honorer la mémoire d'un Disparu génial : l'Amicale des anciens combattants de la Haute-Galilée ou des Fervents du Grand Jésus. Car le Christ est vraiment ressuscité : ce n'est pas un club de nostalgiques qui se contentent de le tirer de l'oubli en diffusant ses pensées ou en organisant des cérémonies commémoratives. Il est parmi nous parce qu'il est vivant, non parce que « son affaire continue », parce que son entreprise « tient la route ». Ce n'est pas à nous qu'il doit de durer : dire cela, c'est mettre le monde à l'envers. Comme le fait le cantique : « Si nous partageons comme le pain notre vie, Jésus-Christ plus jamais ne sera mort. » Et si c'était l'inverse, le Ressuscité nous inspirant le partage ?... Les disciples d'Emmaüs ont réalisé la résurrection de Jésus en retrouvant le Seigneur dans la catéchèse qui brûle le cœur, dans le pain partagé sur la table, dans le témoignage des apôtres et, plus tard, dans le partage communautaire des biens. Ils ont compris le lien indestructible qui unit le Seigneur à son Eglise : catéchèse, sacrement, pastorat. Sinon, le peuple de Dieu ne serait qu'une association 1901 : il n'aurait pas de prêtres, mais un président, un secrétaire, un trésorier, un comptable, tous termes pouvant se mettre au féminin, comme le bureau donne la bureautique...