Si les frères Lumières avaient eu
l’occasion d’assister à une projection de G.I. Joe, ils auraient certainement hésité à rendre publique leur invention.
Car le dernier film de Stephen Sommers (La momie, Van Helsing), est un concentré de nullité insondable telle que l'on se demande comment cette
aberration a réussi à trouver le chemin du grand écran.
En effet, certains films ne bénéficiant pas d’une sortie salle et se retrouvant directement dans les bacs à dvd mériteraient bien plus une place au cinéma que ce
simulacre de long-métrage.
C’est bien simple : dans G.I. Joe, tout est mauvais.
Scénario tenant sur une moitié de feuille de papier toilette de mauvaise qualité, dialogues atteignant des profondeurs abyssales inexplorées dans le domaine de la
débilité, effets spéciaux d’une laideur vomitive, mise en scène inexistante, en somme, un ratage tel que l’on se demande comment des producteurs ont pu injecter plusieurs dizaines de millions de
dollars dans cette infâme bouillie visuelle.
Tout juste une course-poursuite en plein Paris réussit-elle à peine à faire émerger le bout d’un orteil de ce flan avarié. De leur côté, les acteurs récitent leur
texte avec la conviction d’un haricot vert déclamant du Shakespeare, et le pourtant toujours impeccable Christopher Eccleston (Jude) réussit l’exploit de livrer l’une des pires
performances que l’on ait vues sur un écran depuis longtemps.
Stephen Sommers tente également d’injecter des touches d’humour tout au long du métrage, lesquelles n’ayant pour effet que de provoquer la plus navrante des
consternations chez le spectateur. Le plus inquiétant, c’est de s’imaginer qu’un beau matin, des hommes et des femmes se sont réunis autour d’une table, et ont réussi à se satisfaire d’un tel
projet, donnant leur aval à la mise en chantier d’une monstruosité cinématographique qui mériterait d’être étudiée en école de cinéma comme modèle de tout ce qu’il ne faut pas faire. En
comparaison, les Transformers de Michael Bay sont un chef d’œuvre d’intelligence et de réflexion intellectuelle devant lequel se prosternerait Bergman.
A la fin de la projection, les mots manquent pour exprimer toute sa colère devant un tel irrespect du spectateur, une telle horreur filmique, en somme, un tel
mépris du cinéma.