Le mesquin est un horrible mélange de misérable et de méchant qui hait pour haïr afin d’assouvir ses propres manques, ses lacunes caractérielles, sa béance existentielle. C’est une minable proie des complexes de haine fagotés par la société extrêmement clivée qu’impose l’idéologie ultracapitaliste d’extrême performance et de compétition agressive. Et, dans un monde de mesquineries et d’excès de zèle au pouvoir, où le fonctionnaire zélateur, le dirigeant, le décideur institutionnel pataugeant dans leur misère ontologique, cherchent à assouvir leurs plus bas instincts petits-bourgeois avec les plus délétères complexes aux dépens d’autrui, au détriment du peuple, il est impérieux dans la société abjecte qui nous opprime, d’être intransigeants et implacables par le Refus d’être déformés et assimilés sous prétexte d’intégration. Dans la société d’aujourd’hui, il est un code inavoué et tacite de hiérarchisation des individus où le petit-bourgeois figure prolifératrice des métropoles, est tour à tour bourreau ou flatteur selon le degré de fortune ou d’infortune de son interlocuteur. Protagonistes de la figuration dans l’ordre socioéconomique où ils sont gesticulateurs au nom de leurs maîtres bourgeois, les petits-bourgeois, barbares maquillés de civilisation, complexés et faussement raffinés, n’ont de rapports à soi et à autrui que par les aberrations conformistes de la « démocratie » se résumant au droit de propriété et de consommation. En fait, il s’agit d’un complexe où tous les affects, représentations, pulsions et sentiments sont tributaires du consumérisme compulsif où les objets, titres et services consommés confèrent sens et essence aux ombres anthropomorphes, gesticulatoires qui se mêlent de mimer la nature humaine, se laissant croire des Hommes. Complexe de consommation et de faux prestige, parmi eux, tout, même la nourriture et l’éducation est affaire de marque déposée, d’icône structurelle. Tel l’animal blessé, porteur d’une plaie occipitale qu’il ne saurait lécher, celle d’être subalterne, le petit-bourgeois « branché » expose quiconque le fréquentant à une sorte d’essuyage de sa blessure de figurant et de simulateur, larbin qu’il est d’un mode social qu’il incarne par l’esbroufe et l’arrivisme empreint de mégalomanie dans la consommation et les références (fréquentations) sociales. Et à force d’être sous leur férule maladive, la civilisation d’aujourd’hui risque de dénaturer de manière irréversible l’essentiel de notre humanité. Car être un Humain, avant d’être l’individu programmé d’une classe, d’une caste, d’une ethnie, d’une société ou d’une quelconque configuration contingente imposée en englobant social soi disant identitaire, voilà le premier pas vers une justice authentique et le jugement objectif et juste envers autrui et les étrangers. Seuls de vrais hommes sont capables de bons traitements et de respect à l’altérité hors des œillères de nationalité, d’ethnie et de société. Et même si la novlangue idéologique des jugements préfabriqués, l’homme ne peut vraiment juger que par soi. La petite-bourgeoisie n’est pas une classe mais une « race » par l’essentialisme social de leur catégorie que prônent ses membres. En passant, sachant que la notion de race est antiscientifique, nous disons qu’il n’est de race qu’imaginaire, que d’essentialisme collectivement convenu d’un groupe humain, ou dirais-je ici, d’une collectivité d’anthropomorphes. La race, fors pour les imbéciles, c’est-à-dire malheureusement une vaste légion de nos populations, est une convention par essentialisation identitaire. C’est un peu l’idéologie de l’extrême droite, celui des aigris frustrés et des idiots du nationalisme que j’appelle ethno-sociocentriste. Idiots de ce nationalisme inavoué qui constitue son paradigme et sa mensuration de tout ce qui est humain, les petits-bourgeois, se reconnaissent par leur extraversion maladive, leur superficialité dans l’approche des problèmes malgré une application apparente des données scientifiques ou technologiques à la mode, car ils ne savent pas penser par eux-mêmes. Être politiquement correct, être dans le vent et miroir des mœurs de son temps, quitte à prôner la zoophilie ou au contraire, l’interdiction d’un baiser en public, il défend ce qui est socialement bien vu et le fait percevoir comme émancipé. Reflet des valeurs bourgeoises, il est conservateur ou libertaire selon les conjonctures et ses conjectures justificatrices sont toutes empreintes de superficialité. Le petit-bourgeois est opportuniste et fasciste dans l’âme, plein de préjugés et de discriminations, même s’il évoque urbi et orbi les droits de l’homme.
Pour une société vraiment humaine.
Nul système socio-politico-économique ne saurait se révolutionner lui-même en gardant les mêmes structures et le même mode de gestion de l’homme et des ressources. Le changement d’individus et donc de visages que se prête un système, équivaut alors à une stratégie de séduction, au mensonge du masqué qui change de masques pour ne pas changer de visage. Par ailleurs, il faut comprendre que le capitalisme, tout capitalisme vise au ploutocratisme c’est-à-dire à la loi de l’argent et du profit exponentiel dès qu’il en aura les pouvoirs et que le paysage idéologique le lui permettra. C’est sa vocation. Le capitalisme d’investissement qui a semblé plus réservé et plus moral que le capitalisme néolibéral actuel fondé sur la finance et le crédit, ne l’était que parce qu’il n’avait pas tous les pouvoirs et que le bloc de l’est, quoique si peu et si perversement socialiste, avait été quand même trop attractif pour les masses et donc le contraignait à des concessions.Si j’ai commencé l’exergue de ce texte, en évoquant le mesquin, c’est parce que la mesquinerie est la bannière du petit-bourgeois, triplement mesquin et vulgaire. Premièrement par sa fausseté intellectuelle où il use d’une logique tronquée dès qu’il aborde les causes du malaise social, restant stupidement superficiel, éludant la seule vraie thèse de l’injustice sociale infligée à tous par l’économisme de ses maîtres. Deuxièmement par sa tendance à paraître maître du système dont il est le larbin loueur. Troisièmement par sa prostitution d’âme vis-à-vis des riches et sa constante agression contre les exclus de la société au nom de sa morale serve de deux poids deux mesures où il honore les grands criminels tout en incriminant leurs victimes. Au lieu de travailler à transformer la société, il préfère se plaindre d’insécurité et de violence en accusant les catégories marginalisées du capitalisme injuste dont il est le jouet zélé. S’il est citoyen occidental, il dénonce, en moraliste, l’exploitation en terre non démocratique, condamne le mode de production chinois mais conjure, en économiste de service, l’ « État démocratique » dont il est ressortissant, d’en profiter afin de mieux défendre les intérêts commerciaux des cossus industriels et commerçants dont il est porte-parole. S’il est du nord économique, il est à l’avant-garde des infériorisations verbales des pays périphériques toujours plus ou moins rustauds. S’il est du sud, il singe ses pairs du nord et appuie le consumérisme du nord tout en proposant le mode de production capitaliste qui a détruit son propre pays comme mélioratif voire salvateur.Du nord comme du sud, les petits-bourgeois sont systémiquement essentialistes et croient au système de prédation capitaliste comme le seul horizon de l’humanité. La dialectique petite-bourgeoise essentialise cette impropriété insulteuse de tout pays non nanti, la soit disant dialectique pays développés versus sous-développé, et, pour enrayer le sous-développement, ces génies préconisent plus de capitalisme et de libéralisme économique. Incapable de relations humaines et d’estime d’autrui sans un intérêt platement social, il est toujours potentiellement ou effectivement un raciste, un ostraciste et ne connaît que les rapports intéressés sans sincérité ni authenticité, des sortes de contacts pathologiques sans souci d’amitié ni de franche camaraderie, des rapprochements faux reflétant la vacuité et la fausseté de sa personnalité, son infrahumanité. Il est aussi légaliste et « bon citoyen », si bon qu’il se fait volontiers indic de la police pour un oui ou un non, vu qu’il a l’habitude de la dénonciation vraie et fausse contre ses pairs en bob rapporteur et molosse de ses employeurs au travail où il flatte ses supérieurs pour asseoir sa carrière et sa promotion dans la structure.Faussement prétentieux et arrogant, prêt à baisser son froc malsain sur les déshérités, les ostracisés, il sait s’offrir en essuie-pied à ses patrons ou à tout puissant qu’il subodore comme homme de pouvoir pouvant servir sa propre promotion sociale. Il te flatte aujourd’hui et te conspue demain si le vent tourne. Il ne te juge qu’à travers ton appartenance à une institution, et s’il joue à l’intello, comme c’est souvent le cas, c’est pour reprendre des lieux communs en citant les grands noms de la culture universelle, sans pouvoir prendre du recul ni faire l’effort de penser par lui-même. Hypocrite, médisant, diffamateur, il est pernicieusement méchant, dénigreur, et croit tout savoir de toi après t’avoir parlé cinq minutes de sa vie. Il est toujours en phase avec tout courant dominant, car opportuniste hyperadapté, il lui doit avoir sa place quoiqu’il arrive. Il pense même pouvoir domestiquer Dieu et la spiritualité pour des quêtes de promotion sociale ou matérielle. Rêvant d’être bourgeois, il est entendu que jamais, il ne s’en prendra aux bases structurelles de l’injustice. C’est donc à ses complexes de haine et du bouc émissaire qu’il se réfère pour préconiser la purification de la société, la fin de la tolérance des « bons à rien » qui ne font pas fonctionner le système bourgeois. Ses frustrations trouvent toujours un exutoire : les exclus et les inadaptés de l’ordre. Dès lors, l’on comprend que le plus zélateur et entreprenant défenseur du ploutocratisme, est le petit-bourgeois. Bon acrobate et bon singe pour tout mimer et obtenir sa fouaille de son maître, son propriétaire qu’est le bourgeois. Journaliste, il est le baveur crapuleux de qui insulte les pauvres et les marginaux accusés de paresse et de violence par lui pour plaire à la horde des prédateurs de l’économie qui accaparent les richesses communes et créent la paupérisation et la précarité en pleine société censée être d’abondance. C’est comme ce vieux journaleux de « télématin » qui radote et déblatère en crachant qu’ « internet, c’est un peu tout et surtout n’importe quoi » comme si la télé n’était pas souvent le n’importe qui, n’importe quoi produit en icône et code, érigé en mythe pour la désinformation, la manipulation. Obnubilé de privilèges, le petit-bourgeois est fortement irrité de savoir que ses « monopoles » de communication disparaissent. On le retrouve donc toujours à partir en guerre contre la presse alternative en vociférant à la télé où tout en voulant être sérieux et journaliste, il n’est souvent qu’un domestique des patrons de presse, des commerçants et des gouvernements. Une sorte de marchandise périssable qui voudrait être un seigneur. Pétri d’académisme pour cacher sa pauvreté intellectuelle et son vide ontologique, il feint, tout en se cachant derrière les institutions, de minimiser ceux qui osent penser et sont autonomes dans leur pensée, au-delà des moulages institutionnels dont relève exclusivement le petit-bourgeois, cette simple fonction organique dans la machine sociale.Bref, pour revenir à notre petit-bourgeois, fonctionnaire, il est sans pitié dans l’application des mesures coercitives contre le peuple, politicien, il impose taxes et impôts à la nation, inféode l’État à ses dieux bourgeois, enrichit les banquiers auxquels il veut ressembler, tout en se faisant maître jongleur de contrevérités pour masquer la fausseté qu’il sert. Lui qui flagorne les élus étrangers proches de la bourgeoisie mondiale qui lui indiquent comment piller son pays au profit des banques et des compagnies multinationales. En vérité, la plus sale, la plus dangereuse des espèces, je veux dire des « essences » que la société du mensonge et de l’argent fictif ait créée, c’est les petits-bourgeois comme emblèmes, j’allais dire humains, ô ! que non ! mais colifichets ambulants, choses anthropomorphes et organiques des abjections systémiques !Et face à toute cette horreur de société qu’on veut nous faire croire humaine, je dis que l’inadaptation volontaire est une résistance humaine, un gage humain, un conatus au cœur de la déshumanisation systémique de l’individu.Hélas ! Nous sommes rendus au point que seuls les intraitables contre l’accommodement dénaturant, la compromission réifiante avec les idoles sociales, ont la chance de demeurer Humains contre le monde immonde de réification qui broie l’Humanité ! Car nous sommes dans la nouvelle tyrannie souriante, le despotisme inavoué, l’infect, le malsain règne du petit-bourgeois roi de toutes les abominables simulations qui interdisent d’être vrai et intégré dans cet amas d’individus appelé société !L’univers est le grand Réel, l’Être qui englobe tout mais n’est pas la réalité. La réalité est chose humaine car elle vient de nos perceptions et conceptions selon le sens que nous donnons au monde et à la société. Alors, nous saisissons que la réalité humaine est pleine du réel et des rêves et des utopies, il reste à l’homme de changer sa condition sociale en transformant sa mentalité, se mettant d’accord avec son essence spirituelle pour féconder par la réalité par tous les rêves et utopies transcendants qui l’humanisent.Entre l’enracinement dans le réel et la transcendance par l’esprit, l’être humain peut prouver, s’il s’y adonne en délaissant ses laideurs et servitudes civilisationnelles, ses basses mesquineries sociales, ses orgueils sots et amenuisants d’autrui, où il cherche par la structure, l’asservissement économique et global de son semblable pour oublier sa propre bassesse et misère, qu’il est vraiment l’image de Dieu.Et pour proposer un correctif au bourgeoisisme et aux ignobles singeries petite-bourgeoises qui en relèvent, je propose encore une fois cette richesse infinie à notre portée : la Désobéissance Civile. Car l’ordre bourgeois qui sous-tend le reflet mimétique, le type dit petit-bourgeois – ce virus du corps social, ce primate involué, ce débris de l’arrivisme, ce moins que néant si toxique de son ubiquité sociale, ce promoteur frileux de la décence et de la bénignité du langage qui commet toutes sortes d’infamies mais s’offusque par « morale » de les entendre nommer, ce rejet de la prostitution d’esprit et de corps, ce comploteur intriguant, ce métazoaire agressant et avilissant de l’espèce humaine - n’attend que notre attaque soi disant violente pour nous pulvériser par sa violence criminelle toujours latente. Ses armes, ses militaires, ses policiers, ses paramilitaires, ses tueurs à gages, ses sbires, ses cerbères sont toutes contre nous. Voilà pourquoi, non seulement par notre culture non violente mais aussi par stratégie, l’affrontement armé où ils nous attendent, serait une erreur. C’est à nous de faire imploser l’ordre infâme pour instaurer le juste Désordre, la Justice.La juste et pacifique violence du Refus de l’ordre établi par le rejet de l’abomination systémique grâce la Désobéissance Civile, en vérité, si elle est bien menée, est sûre de vaincre et de gagner.CAMILLE LOTY MALEBRANCHE22 avril 2010 par
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE / Oulala]