Trop drôle ! 20 minutes m’apprend ce matin que Nicolas Sarkozy va en Chine pour signer des accords sur l’environnement. Le plus marrant dans l’histoire étant sans doute que les dirigeants chinois n’en ont pas plus à secouer de l’environnement que Sarko et que ce type d’accords leur sert habituellement de torche-cul pour peu qu’il leur imposât la moindre contrainte.
Les écolos français vont sacrément apprécier ! Après le repli stratégique sur la calamiteuse taxe carbone – qu’ils étaient bien les seuls à n’avoir pas compris que c’était une manière supplémentaire de nous plumer en renflouant les caisses vides de l’Etat, j’y reviendrais – et la fameuse phrase prononcée à l’adresse des agriculteurs «les questions d’environnement, ça commence à bien faire» ! La taxe carbone est renvoyée aux calendes grecques : à l’Europe, ce qui revient exactement au même, sachant que ni Barroso, ni la Commission non plus que la grande majorité des Etats-membres n’en veulent et que de surcroît elle risquerait d’être retoquée par l’OMC comme contraire aux principes de libre-concurrence et d’ouverture totale des marchés.
Le premier accord est une convention passée entre l’Agence de développement française et le Hunan visant la reforestation de cette province du Sud de la Chine. Le second est une lettre d’intention entre l’organisation patronale Medem (Mouvement des entreprises du monde) visant à faire de la province de Hubei, située au centre de la Chine et peuplée de 60 millions d’habitants «un modèle» de coopération franco-chinoise en matière de développement durable. Franchement risible quand on sait la France tellement en retard dans ce domaine !
Une autre lettre d’intention – il faut savoir que juridiquement une lettre d’intention, simple préalable à un futur et hypothétique contrat n’engage à rien et n’a donc aucun pouvoir contraignant… ce qui réduit considérablement la portée pratique de ces accords… d’autant que “l’enfer est pavé de bonnes intentions” ! – devrait être signée dans le domaine du droit de l’environnement : pollution atmosphérique, codification du droit à l’environnement, fiscalité verte… Ce qui ne risque guère de troubler les hiérarques de Pékin.
Pendant qu’il y est, Nicolas Sarkozy devrait glisser une lettre d’intention sur la démocratie, les droits de l’homme et le droit à la libre détermination des Tibétains… Avec un clin d’œil complice aux autorités chinoises : c’est juste à destination de l’opinion publique française. Fier à bras quand il est loin du danger, le Tartarin de… l’Elysée. Jamais avare de grands moulinets et déclarations fracassantes. Pleutre, courbant l’échine quand ses bravades risqueraient de compromettre les intérêts bien compris de ses amis du COUAC-40.
Nicolas Sarkozy va très certainement essayer de “vendre” sa taxe carbone aux “huiles” chinoises !
On ne dit pas s’il emmène Nicolas Hulot dans la soute. On constatera une fois de plus que Nicolas Sarkozy n’est nullement avare de déplacements en avion, après moult voyages transatlantiques, il met le cap sur l’Asie… Manière comme une autre d’exploser son «bilan carbone».
Et d’échapper à la grogne des Français. Puisque le 1er mai il devrait être encore en Chine. A-t-on seulement le droit de l’imaginer voyageant dans un Tupolev qui traverserait le nuage de cendres de l’Eyjafjalla ?
Je constate par ailleurs qu’à chaque fois que Nicolas Sarkozy met la France à feu et à sang, là c’est la loi qu’il entend imposer sur l’interdiction totale de la burqa – que l’on appellera mieux “niqab” - en dépit de la mise en garde du Conseil d’Etat et sur fond d’un fait divers monté en épingle – il se tire ailleurs.
L’atmosphère est franchement délétère. Curieuse mais nauséabonde ressemblance avec l’essor des Ligues fascisantes de l’Entre-deux-guerres. Prélude au régime de Vichy : en temps de crise, les boucs émissaires sont forcément étrangers. Hier, les juifs, aujourd’hui les musulmans. Histoire de radicaliser les moins extrémistes ? Il n’y manque décidément que «Je suis partout» et la plume d’un Céline antisémite. La démagogie populiste fait rarement bon ménage avec la démocratie. Beark ! Beark ! Beark !
Je lis enfin que qu’un accord devrait être signé dans le domaine universitaire pour les échanges linguistiques et la formation croisée (?) des jeunes chinois et français et qu’un fonds franco-chinois – qui devrait être doté de 500 millions d’euros selon l’Elysée – devrait permettre la création croisée de petites et moyennes entreprises.
Entreprises de quelle sorte ? malgré les promesses de Nicolas Sarkozy la désindustrialisation de la France n’a fait que s’accélérer depuis le début de la crise. Je doute donc que ce fût pour réindustrialiser la France de quelque manière que ce soit.
Je me demande aussi où Paris va trouver ces 500 millions d’euros, sachant les caisses de l’Etat désespérément vides. Nous en serions, de même d’ailleurs que les banques – mais chut ! que l’on devrait d’ailleurs écrire “chute” en chronique annoncée du prochain tsunami financier qui devrait les emporter définitivement sur son passage, Golden Sachs s’y étant d’ailleurs bien employé – à gratter tous les fonds de tiroir.
Toutes ces masses de flouze, par millions ou milliards d’euros ou de dollars, sont totalement et purement virtuelles. Garanties monnaie de singe ! Pas plus de valeur que les billets du Monopoly lors même que c’est précisément à une sorte de Monopoly à l’échelle planétaire que nous assistons depuis au moins le premier krach boursier de 1987. Fuite en avant permanente, au détriment tant de “l’économie réelle” que de la “monnaie réelle”. Du vent ! Accrédité par Eole en personne.
Le sort de la Grèce nous pend d’ailleurs au nez, d’autant que j’ai lu dernièrement que – quand bien même Christine Lagarde soutiendrait-elle le contraire en disant que «La France est plus qu’à l’abri» mais ne nous a-t-elle pas habituée depuis le début de la crise des morgate subprimes à ses vaticinations sans fondement ? - la France serait dans le collimateur des traders, après qu’ils eussent joué contre Dubaï et la Grèce avec le succès que l’on connaît. Un banc de piranhas dans un marigot ne ferait pas plus de dégâts que ces vermines voraces.
Si tel était le cas, nous ne devrions guère attendre plus de compassion et d’aide de la part d’Angela Merkel qui fait preuve d’une intransigeance sans faille à l’égard de la Grèce. Elle prônait dès le 17 mars 2008 l’expulsion pure et simple de la Grèce de la zone euro lis-je sur l’excellent blog économique de Libération (article du 20 avril 2008) Les marchés et l’Allemagne ont mis la Grèce à genoux où elle n’hésitait pas à affirmer cyniquement que la «pose d’un extincteur n’implique pas que l’on aura à s’en servir».
Discours sans nul doute à usage interne, l’opinion publique allemande étant majoritairement hostile à une aide européenne, elle ne voudra certainement pas compromettre les chances de la CDU lors des prochaines élections en Westphalie qui doivent avoir lieu le 9 mai prochain, lis-je sur Le Figaro Grèce : le marché teste la patience de l’Europe. Le marché, “pompier pyromane” grâce notamment à Goldman Sachs, j’aurais l’occasion d’y revenir en détail.
Nicolas Sarkozy – celui que toute la presse étrangère nous envie ! - va sûrement «faire le malin» en Chine. Espérons qu’il y parlera un français un peu plus châtié… Il ne devrait guère détonner auprès des dirigeants du “Pire du Milieu” guère plus respecteux que lui des promesses. Sans doute savent-ils également ce qu’il faut attendre de ses discours et promesses à géométrie variable en fonction des auditoires auxquels il s’adresse : les ouvriers, les patrons (surtout), les écolos, les agriculteurs, etc. Sans oublier qu’il chanta les louanges de la méritocratie au moment même où il voulait bombarder Prince Jean à la présidence de l’Epad.
Parler à son propos de “double discours” me paraît nettement insuffisant. De même que l’image de Janus. J’ai déjà dit que les “4 sans cul” de Chambéry me semblaient autrement représentatifs, d’autant que les éléphants… ça trompe énormément.
Ni ses mensonges à répétition sur tous les sujets. Les chiffres de l’économie n’étant pas épargnés comme l’a souligné à plusieurs reprises Thierry Vadjoux dans l’excellent supplément économique de 20 minutes, E24 qui a pointé l’imprécision des chiffres cités notamment lors de l’émission «Vive la crise» en février 2009 et en octobre 2009 en matière d’agriculture : Nicolas Sarkozy cite encore de mauvais chiffres. Avouez que cela fait sacrément désordre et bien peu crédible.
Au Népal, l’on trouve des moulins à prière, en France nous avons un moulin à promesses.