19 avril 2008, le jour ou je me suis tué

Publié le 27 avril 2010 par Julien Holtz

Je vais vous raconter l'histoire de ma mort .... C'était écrit comme ça, puis l'auteur a barré ce paragraphe pour le réécrire. Voici l'original.
Nous sommes le samedi 19 avril 2008, par une belle après midi ensoleillée, ce sont les premiers beaux jours du printemps.
Nous roulons à deux avec mon père sur l'un de nos parcours de vélo habituels au départ de St Cloud pour passer par la foret de Marly puis sur les routes de Crespières comme si nous étions en Suisse. Ce jour là j'ai du jus alors que cela fait un an et demi que j'ai levé le pied sur le vélo.
Après avoir passé le triangle de Rocquencourt, nous roulons à bonne allure, entre 35 et 40km/h dans une partie très roulante de la route D307, en direction de St Nom la Bretèche. Nous sortons pour prendre la route de Marly (D7) et amorcer une cote de 1 km qui nous mènera à la foret de Marly.
Aujourdhui j'ai les bonnes jambes, j'emmène 39x15 ou 39x17 dans la petit cote entre 18 et 21km/h, un peu de danseuse pour maintenir l'allure, je surveille que mon père reste dans ma roue puis sur la fin, je me rasseois sur la selle pour finir les quelques dizaines de metres moins pentues.
Au bout d'un km, la pente s'est radoucie, nous repassons progressivement à 28 puis 30 puis 32 ... 33 ... hop je passe le grand plateau (52 dents) ... passage entre deux champs, le vent dans le dos, nous accélérons encore sur un bout de ligne droite. Le compteur dépasse les 40, 42, 45 km/h. Je suis la tête dans le guidon, je suis bien, j'ai repris un peu mon souffle depuis la cote, et j'appuie sur les pédales. Nous roulons presque plus vite qu'un Solex.
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Je mène depuis le pied de la cote, mon père est dans ma roue, nous nous rapprochons du carrefour où nous allons tourner à 90° à gauche pour entrer dans la foret de Marly. C'est un carrefour en T, des voitures arrivent en face et d'autre viennent de la "Route Plantée" vers laquelle nous allons tourner. Un séparateur de voies aide à fluidifier le trafic. Nous devrons un ceder le passage si une voiture arrive d'en face, la voie perpendiculaire a un stop.

J'entre dans la voie d'accès pour tourner, je lève le nez du guidon une fraction de seconde pour voir si je peux tourner sans ralentir, je suis dans un état second, je plane. Semble-t-il pas de danger, je ne vois pas de voiture s'approcher de nous en sens inverse, pas de voiture non plus provenant de la route à notre gauche perpendiculaire à nous. C'est bon donc, je vais pouvoir virer à gauche sans freiner, je m'apprête à franchir la ligne pointillée pour traverser la voie d'en face.
Sauf que ... j'entends mon père hurler "Juuuuuuuuul" d'une voix un peu éloignée (il ne semble plus être dans ma roue, c'est louche) en même temps je viens de réaliser que je vois une berline grise arriver à vive allure sur la voie d'en face. C'est sur je vais me faire cartonner. Sur ce coup-là j'ai fait le con .... 
Je serre les 2 freins, je serre les dents, je serre les fesses .... je sens le poids basculer sur les bras, sur la fourche ... l'arrière du vélo se déleste, je perds un peu de grip sur la roue arrière. En face la voiture fait pareil, elle pile, je la vois piquer du nez vers l'avant, les pneus crissent, elle fait un petit écart vers sa droite pour m'éviter, moi aussi j'essaie de faire pareil, finalement on se frole. Je l'ai échappée belle ...


Je repars vers la route comme si de rien était apres avoir fait un signe d'excuses au conducteur. Mon père a mis pied à terre à l'endroit de ma mort annoncée. Il est tétanisé, il a les jambes coupées. Pris de sanglots, il me gronde .... Moi je ne suis pas traumatisé par ce qu'il vient de se passer, tout simplement parce que je n'ai pas réalisé, je n'ai pas eu le temps de gamberger et prendre peur de mourir. Mon père, lui, a vu la scène se dérouler sous ses yeux.
Tout cela part d'un détail malheureux : au moment de lever les yeux pour analyser les conditions de circulation, la voiture d'en face est masquée par le panneau de signalisation qui indique le croisement et le virage à gauche sur le séparateur. La voiture est encore loin, moi aussi mais sur l'élan, nous nous sommes rapprochés l'un de l'autre au moment où mon regard est porté déjà sur la route perpendiculaire, là où je vais mettre mes roues à la sortie du virage.
Morale de l'histoire : il faut être ultra vigileant en toutes circonstance ! car les automobilistes n'auront pas tous les bons réflexes.