Malgré la burqa, la Grèce occupe en France toutes les unes des médias dominants. Depuis notre dernier billet, la situation s'est dégradée. La Grèce, ou plutôt son peuple, est triplement victime...
- Victime d'un monde de la finance complètement dérégulé qui spécule et se goinfre impunément sur le dos du peuple grec avec des taux usuriers aux alentours de 10 %.
- Victime de l'illusion du bouclier européen et de la solidarité européenne qu'était censée incarner l'Union européenne du traité de Lisbonne...
- Victime d'une monnaie commune contrôlée par des oligarques irresponsables qui s'entendent, comme larrons en foire, avec les requins de la finance !
En lisant un communiqué du parti de gauche, nous est revenu en mémoire un excellent billet de La valise diplomatique :
«Jusqu’où iront « les marchés » pour punir la Grèce ? La question se pose au moment où, du fait d’une singulière coïncidence, les pratiques de la banque Goldman Sachs (inciter ses clients à parier à mauvais escient pour profiter ensuite de leurs pertes) provoquent une levée de boucliers aux États-Unis. Or la Grèce, qui vient de se soumettre aux conditions draconiennes imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) en échange de leur « aide », est elle aussi victime des pratiques de Goldman Sachs.»
Piquante coïncidence, n'est-ce pas ? D'autant plus, que ladite banque et tous les autres spéculateurs financiers ont emprunté auprès des États, dont la Grèce, à un taux de crédit de 1 % en 2008 !
Le déficit des comptes publics, aussi abyssal soit-il, n'est qu'un prétexte pour dépouiller le peuple grec, le contraindre à des réformes telles qu'en ont vécus certains pays comme l'Argentine ou le Vénézuela dans les années 80-90.
D'ailleurs, l'économiste Frédéric Lordon, dans La pompe à phynance, estime que l'endettement de la Grèce n'a rien d'exceptionnel :
«Le Portugal ne va pas bien, c’est entendu (8 % de PIB de déficit)… mais les États-Unis sont à 10,5 %. Heureusement voilà l’Espagne (11,5 %). Hélas doublée par l’Irlande (12 %). Arrive la Grèce, l’affaire doit être dans le sac (12,5 %), les basanés sont les rois. Malheur : c’est le Royaume-Uni qui décroche le pompon (14,5 %). (...) Pendant des années, la dette publique belge a gravité autour des niveaux grecs actuels (...) De même l’Italie, revenue de 120 % environ dans les années 1990 à 105 % en 2008, avec un 116 % prévu à fin 2010. Et bien sûr le Japon, insurpassable détenteur du record mondial avec 200 % (!)…»
Par conséquent, le peuple grec est victime des banques comme l'affirme le Parti de gauche :
«Si les banques font plier la Grèce, elles attaqueront demain d'autres pays européens. C'est un bras de fer décisif qui s'engage entre les citoyens et les banques. Pour notre part nous affirmons le droit des européens à bénéficier des richesses qu'ils produisent. Nous défendons la souveraineté populaire face aux diktats des banques. Nous affirmons la solidarité des peuples face à la compétition du marché libre.»
Et, d'appeler à un rassemblement unitaire de soutien au peuple grec, mercredi 28 avril à 18h30 devant le siège de l'Association française des Banques, 18 rue La Fayette à Paris 9e