Alors l’Etat, n’ayant plus les moyens réels d’agir sur le monde, se contente de produire des textes et de dépenser l’argent qu’il n’a pas ; tout occupé à mentir à lui-même et aux autres, il devient L’Etat mythomane. Et, comme tous les gens atteint de cette maladie mentale, il ment de plus en plus : L’inflation législative et le déficit public sont les formes que prend, en politique, le délire verbal du mythomane.j@attali.com
Pendant un temps, il peut le faire en toute impunité ; en tout cas aussi longtemps que les électeurs ont intérêt à flatter ce délire, auquel ils participent.
Puis, en politique, comme dans la vie privée, la vérité finit par reprendre ses droits. D’abord parce que le menteur se fait prendre au piège de ses mots : le mythomane, en multipliant ses mensonges, (c’est-à-dire, dans le cas de l’Etat, ses lois non appliquées et ses dépenses non financées) oublie le proverbe yiddish bien connu selon lequel « un bon menteur ne donne jamais de détail ».
Ensuite parce que l’Etat mythomane se fait prendre au piège de la réalité : à un moment, le citoyen se rend compte qu’on lui a fait des promesses intenables, qu’on lui verse de l’argent qu’on n’a pas, qu’on a fait des lois que personne ne cherche à faire appliquer. Il réalise alors qu’il a, face à lui, un grand malade, qu’il faut traiter comme tel. Qu’il ne sert à rien de l’insulter, de le maudire, de le traiter de menteur. Il faut seulement le mettre hors d’état de nuire. Hors d’Etat de nuire.
Et tant pis pour ceux dont la vie dépendait du mythomane.