FROID CAS, mais sans fracas...

Publié le 01 décembre 2007 par Brunoh
Parfois, il en va de nos rendez-vous télévisuels comme de certaines histoires d’amour.
Il y a les programmes que vous attendez avec impatience, dont vous avez entendu dire beaucoup de bien, et qui ont généré chez vous une forme d’enthousiasme frénétique, quasi pré-coïtal.
Comme souvent, vous vous trouvez finalement déçu face à la réalité banale de la chose vue.
Ce fut d’ailleurs le cas, il y a quelques semaines, avec un téléfilm que les conseillers conjugaux spécialisés en télé m’avaient pourtant annoncé comme très prometteur...
Imaginez plutôt : deux T dans Télérama, auxquels s’ajoutait un petit mot louangeur sur France Inter, dès la tranche matinale... de quoi espérer le meilleur.
Je ne dis pas que ce téléfilm, diffusé par France 3 le 22 Novembre dernier, était totalement mauvais, mais je m’attendais, pour une adaptation télévisée d’un roman dont l’héroïne était interprétée par Isabelle Carré, à un peu mieux que cette bluette pleine de louables intentions humanistes, qui finit par sombrer dans un pathos morbide, dont je n’eus que le son en héritage (j’avais en effet déjà déserté mon poste de télévision pour l’écran de mon ordinateur à pomme, afin de me livrer à une autre passion beaucoup plus dévorante : l’écriture). Coïtus interruptus.
Mais poursuivons la métaphore... À l’inverse, certaines personnes, que vous avez draguées un soir, par désespoir ou par ennui, sans rien en attendre d’autre qu’une aventure éphémère, peuvent se révéler, au fil des jours et des semaines, intéressantes, voire de fort bonne compagnie, à plus d’un égard.
Cette comparaison cathodique s’applique parfaitement (en ce qui me concerne) dans le cas de Lili Rush.
Si ce nom ne vous évoque rien, c’est que vous n’avez pas regardé France 2 le lundi soir depuis fort longtemps.
Lili Rush y opère en tant qu’inspecteur de la police de Philadelphie.
Jusque là, rien de vraiment transcendant. Elle est d’un blond relativement banal. Pas un premier prix de beauté, ni une gazelle de l’année.
De plus, il faudrait qu’elle nous dévoile le nom de son accessoiriste et celui de son couturier, pour nous éviter de faire appel à eux par mégarde...
Pourtant, malgré des handicaps qui rendraient la plupart des autres séries totalement insipides, COLD CASE parvient à retenir chaque semaine un nombre croissant de téléspectateurs devant leur poste.
Et ce, même avec trois épisodes diffusés à la suite (à se demander si, un jour, les programmateurs français sauront comprendre le format des séries américaines et s’y adapter).
Alors, où réside la secrète alchimie amoureuse qui opère dans le cas de COLD CASE ?
S’agirait-il de la qualité des scénarios ? Certes, la série est bien écrite, mais pas forcément mieux que la plupart de ses homologues, “FBI portés disparus” en tête.
Le charisme des personnages ? Lili Rush souffre de problèmes relationnels avec les hommes, vit seule en compagnie de chats estropiés et reproche à sa soeur de nombreuses choses...
Bref, une nana un peu névrotique, tout le contraire d’une wonder woman...
Alors, COLD CASE, pourquoi ça marche ? Admettons que ce concept d’enquêtes réouvertes de nombreuses années après avoir été classées fonctionne très bien (d’autant mieux que le réalisateur parvient, au travers de flash backs réguliers, à restituer presque parfaitement l’ambiance des périodes concernées, qu’il s’agisse des années 70, 80, 90, voire de temps encore plus anciens). Ajoutons-y une capacité à trouver des comédiens à la ressemblance stupéfiante, permettant d’incarner le même personnage, avec parfois 20 ou 40 ans d’écart.
Avouons enfin que l’idée de substituer à la violence pure de l’instant des notions comme celles de rédemption, ou tout simplement de remords, de regret, voire de compassion face à des émotions surgies du passé, contribue à faire de COLD CASE une série à part.
Comme cette vieille maîtresse un peu ennuyeuse, qu’on ne voudrait surtout pas laisser tomber, tant elle reste touchante dans sa prévisibilité.
Et en cela, la relative fadeur de Lili Rush éclipse la pseudo brillance d’autres héroïnes beaucoup plus fugaces.