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J’ai parsemé l’aube de mots vains
Bus à même la bouche d’amours usées
*
Chaque heure qui passe m’éloigne toujours plus
Du port d’attache où mes rêves se balancent
Au rythme de houle discrète
*
Je ne sais quelles couleurs habillent mon pays
De sombres âmes le vêtent de gris et de noir
Lui imposent défroque de vieilles idées
Proclament la pureté d’un sang introuvable
*
D’autres dressent des barbelés
Sur les paupières sanglantes des enfuis
Parquent en camps de tristesse
La longue quête des exilés
*
Je ne sais de quel habit vêtir l’aube
Si peu s’intéressent vraiment à ton sort
.
Tant qui vont à la pêche
En maugréant de ne point savoir te rencontrer
Sauf à contempler tes ors d’iniquité
*
Mon pays se tapit en de mystérieuses pensées
Il cauchemarde sur des chemins de traverse
Ne sait à quel dieu vouer son âme
Alors il la damne en battant le pavé froid des vieilles badernes
*
Mon pays se perd en longue plaintes
En profondes souffrances
Mon pays impose au monde sa vision d’œillères
Il ne sait qui il est
Non que les siens le trahissent
Mais
En repoussant le sang neuf
Il se condamne à vieillir
En courbant l’échine de la jeunesse
En lui brisant l’espoir dans l’œuf
Il se passe la corde au cou
Pose sa tête sur le billot d’un échafaud sournois
*
Je ne sais de quelle plume revêtir le jour qui se présente
Je sais seulement que je le voudrais arc-en-ciel
Bigarré de mille couleurs de peaux
Et de rires écarlates
Dans l’aube resplendissante des bourgeons d’avenir
*
Mon pays d’os et de peau
Fourvoyé entre griffes d’aveuglement
Je tends sans illusion une main d’aurore
Pour relever le défi d’un autre dessein
*
Nous irons
Ma belle
Chaque jour
Au jardin des serments
Voir si le nôtre
Enfin
Se réveille
.
Manosque, 16 mars 2010
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