Ca y est ! J’ai sorti les armes, je me suis lancé dans la rédaction de mon mémoire depuis la chaleur amicale de Mexico. Voici pour les premiers paragraphes de l’introduction. Bonne lecture !
NB : Les relecteurs/relectrices sont les bienvenus, n’hésitez pas à me faire signe ici ou par mail !
- INTRODUCTION -
En 1519, lorsque Hernán Cortés et ses troupes pénètrent les terres mexicaines afin de parvenir jusqu’à la capitale aztèque de Mexico-Tenochtitlan, cela fait à peine une quinzaine d’années que le territoire à l’ouest de l’océan Atlantique est assimilé comme Mundus Novus[1]. Quelques européens ont bien foulé le sol du continent américain, mais ils se sont contentés d’explorer les zones côtières : aucune expédition n’a encore pris le risque de s’aventurer à l’intérieur des terres. C’est pourtant l’aventure dans laquelle se lancent le conquistador et les quelques centaines d’Espagnols qui l’accompagnent.
Le monde qu’ils découvrent alors est l’un des plus riches d’Amérique. Cortés dans ses Cartas de relación adressées à Charles Quint ou Bernal Diaz del Castillo dans sa chronique Historia verdadera de la conquista de la Nueva España ne manquent pas de s’émerveiller face aux découvertes qui jalonnent leur périple : « En présence de cet admirable spectacle, nous ne savions que dire, sinon nous demander si tout ce que nous voyions était la réalité »[2]. Le choc par rapport aux îles des Caraïbes est immense : les Indiens qui leur font face n’ont rien du « bon sauvage » décrit par Montaigne[3] ou de l’indigène rencontré à Cuba.
Aztèques, Mayas, Mixtèques, Tlaxcaltèques, ou encore Totonaques pour ne citer qu’une partie des civilisations rencontrées par les Espagnols, tous connaissent les sciences et les arts. Leurs villes s’élèvent bâties en pierres, ponctuées de temples, de marchés et de maisons ; les Indiens fabriquent des armes, calculent le temps de manière précise, suivent le mouvement des astres, ont un système d’agriculture élaboré, agrémentent leurs bâtiments de sculptures et de peintures…
Entre tous ces trésors, les Indiens produisent également des œuvres sur papier où sont évoqués des thèmes variés : économie, religion, histoire ou encore mathématique. Ces documents, où des glyphes s’alignent sur un support papier pour former un texte, sont appelés Codex.
Au cours des siècles, ces Codex ont connu une histoire complexe où s’entrecroisent destructions, chasses au trésor, vols, collectes, théories extravagantes, et mille autres anecdotes. Forts de ce foisonnement d’information autour des Codex, mais également de la richesse de leur contenu, nombre d’historiens, d’anthropologues, d’historiens de l’art, de zoologues ou de psychologues n’ont pas hésité à les étudier le temps de quelques lignes ou de livres entiers, consacrant parfois leur vie entière à comprendre ces œuvres.
Dans les pages qui suivent, nous nous proposons de prolonger cette série hétéroclite de travaux : il s’agit pour nous d’offrir une vision générale des Codex et des travaux qui leur ont été consacrés, mais également de suggérer de nouvelles pistes d’approche afin d’enrichir la compréhension qui peut en être faite. La différence majeure de ce travail réside dans l’étude qui se propose d’englober l’ensemble des Codex, un pari que très peu ont relevé puisque le seul à véritablement étudier les Codex dans leur totalité est José Alcina Franch[4], les autres chercheurs se contentant de les considérer ou bien de façon unitaire, ou bien par groupes homogènes de dix Codex au plus.
[1] Stefan Zweig, Amerigo, p. 27, 32.
[2] Bernal Diaz del Castillo, La conquête du Mexique, p.
[3] Michel de Montaigne, Essais, « Des cannibales » – livre 1, ch. 30 et « Des coches » – livre 3, ch. 6.
[4] En particulier dans son livre Codices Mexicanos.