(dépêche-blog)
Faut-il vraiment légiférer contre la "burqa" ?
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lundi 26 avril - par Michel Koutouzis
Au nom de la minijupe sauvons le niqab ?
Disons-le d’emblée : je ne supporte pas les femmes voilées, les fous de dieu, les islamistes qui se promènent fièrement avec un front meurtri par la prosternation multi quotidienne, le
regard dédaigneux posé sur les (et leurs) femmes ; je suis allergique à tous les signes ostentatoires religieux et autres (les foulards OM ou PSG entre autres), je supporte de moins en moins les
foules manifestantes de dévots enflammés qu’ils soient hindouistes, musulmans ou cathos, c’est un cauchemar de me réveiller à Jérusalem et recevoir en pleine tronche tous ces crânes rasés
féminins allant chercher le lait à l’épicerie du coin. Bref, je les considère comme une pollution de mon intimité, de mes flâneries, de mes réveils et comme une provocation faite à
l’intelligence. Ce n’est pas faute de les côtoyer. J’ai passé, durant mes voyages professionnels, des heures et des heures à discuter avec ces fervents de tout poil, aux quatre coins du
monde.
Mais ce qui me désole encore plus, ce qui réveille en moi des sensations de frustration et de colère, c’est le côté intolérant et étatique sur lequel ils s’adossent partout où, faute d’Etat de
droit, ils monopolisent parole et pouvoir, transformant leurs coutumes en lois et règles vidant les institutions de leur rôle d’arbitre. Tous ces pays où l’intolérance est loi (sous l’excuse de
tradition ou de coutumes qu’il ne faut pas « troubler »), tous ces bagnes institutionnels de la libre pensée et arbitre, tous ces coins ou la loi islamique, juive, hindoue, orthodoxe ou
catholique travestissent la notion même de la loi, que ce soit en Irlande, en Pologne, en Arabie saoudite ou en Inde, tous ces « condamnations de l’apostasie, toutes ces fatwas, toutes ces crimes
de lèse majesté ou de religion qui cachent (mal) des modes de production allant de l’esclavage à l’exploitation inique et féroce existent par ce que, justement, l’Etat de droit n’existe pas
chez-eux.
Ce n’est pas une raison pour que chez nous, on fasse la même chose, pour qu’on discrimine, on bafoue les étapes, les règles de vivre ensemble, pour introduire des « short cut », des exceptions à
nos propres lois, d’autant plus que par un passé détestable on l’a fait en les nommant, justement et naïvement, « lois d’exception ». La loi est et doit être la même pour tous. Pour y arriver,
chez nous (et nous sommes une exception culturelle en cela), nous avons payé (très chèrement) le prix. A cette période noire précitée, pendant qu’on envoyait des juifs à l’abattoir des camps de
concentration, on guillotinait par ailleurs une avorteuse, sans même avoir conscience qu’on la punissait pour des « crimes » autrement plus bénins que ceux de l’Etat lui-même. La loi et l’Etat de
Droit donc : la police mène ses investigations, la justice apprécie et condamne si le crime, l’effraction existe vraiment, et ordonne, au nom du peuple, la punition prévue. La polygamie est chez
nous une effraction, un crime ? L’arnaque à la sécurité sociale aussi ? Il existe des peines prévues par la loi, et elles sont les seules qu’il faut ordonner. Pas de « short cut », des lettres de
cachet, des procédures d’exception. Pas des effets d’annonces criardes et provocatrices qui (éventuellement) caressent dans le sens du poil l’opinion publique. Que chacun fasse son travail : pas
de soupçons, de conditionnel, de « à vérifier » donnés en pâture à la presse. Ce sont des manipulations grossières, des libertés prises sur l’Etat de droit qui ne devraient plus exister. On les
accepte ? On accepte la part d’irrationnel, de parti pris, de subjectivité d’un Etat qui demain en prendra d’autres. Ce qui se joue en effet, ce n’est pas l’aspect laïque de notre république,
mais sa transformation en un régime « du fait du prince », de l’arbitraire et de la complaisance. Le niqab (et tout ce qu’il représente) aura alors gagné.
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