La Commission nationale du commerce équitable a officiellement été installée ce jeudi par les secrétaires d'Etat chargés du Commerce et de l'Ecologie, Hervé Novelli et Chantal Jouanno. Elle est composée de représentants des pouvoirs publics et des différents acteurs du commerce équitable, et aura pour principale mission de reconnaître officiellement les labels répondant effectivement aux critères du commerce équitable.
Le commerce équitable, c'est comme une boîte de chocolats péruviens : on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
Parce que la profusion des nouveaux labels qui se proclament responsables, équitables ou encore durables permet difficilement au consommateur de savoir ce qu'il achète, la toute nouvelle Commission nationale du commerce équitable (CNCE) certifiera conforme les différents labels du secteur.
Installée par les secrétaires d'Etat chargés du Commerce et de l'Ecologie, Hervé Novelli et Chantal Jouanno, la Commission est composée de représentants des pouvoirs publics et des différents acteurs du commerce équitable : associations, certificateurs, ONG de développement ou encore consommateurs..
Les membres de la commission reconnaîtront la validité des labels qui prétendent relever du commerce équitable, et cela en fonction de critères précis : relation commerciale décente, autonomie de fonctionnement du producteur, transparence de la relation commerciale ou encore traçabilité des produits.
« L'intérêt, c'est de faire reconnaître que notre système de garantie est fiable et crédible pour les consommateurs », explique Gérard Godreuil, responsable de l'appui au développement commercial au sein de la fédération Artisans du monde. « Vis-à-vis de nos partenaires du secteur, cela permet aussi de montrer qu'il y a diverses démarches de certification qui sont utilisables et qui permettent de répondre aux besoins des producteurs des pays du Sud ».
Mais tous les acteurs du commerce équitable ne chercheront pas directement à obtenir un reconnaissance de leur label. La coopérative Etiquable, par exemple, se contente de conçevoir, fabriquer et distribuer des produits, qu'elle fait ensuite labéliser. Mais pour Stéphane Comar, l'un de ses fondateurs, la mise en place de la CNCE est tout de même une bonne nouvelle. « Pour nous, ça ne va pas changer grand chose puisque nous ne sommes pas en lien direct avec la commission. Par contre, cela va renforcer la légitimité du commerce équitable, et donc la légitimité de nos produits ».
La fin d'une hégémonie ?
En France, neuf produits « commerce équitable » achetés sur dix sont labélisés par l'association, désormais fameuse, Max Havelaar. Une hégémonie que la nouvelle commission pourrait remettre en cause en légitimant d'autres organismes de certification.
Pour autant, Joquin Munoz, directeur général de Max Havelaar, ne voit pas l'installation de la CNCE d'un mauvais oeil. « Au contraire ! s'exclame-t-il. Pour nous, cela montre que le commerce équitable est crédible. En fait, l'Etat officialise tout le travail que nous avons fait depuis vingt ans. Notre objectif, poursuit-il, c'est qu'il y ait beaucoup plus de commerce équitable et qu'il y ait beaucoup plus de familles agricoles qui en bénéficient. L'engagement fort de l'Etat français est une bonne façon d'y arriver ».
Mais l'activité de la CNCE ne se limitera pas à poser un tampon : la commission se veut aussi un lieu de débat entre tous les acteurs du secteurs : sur les moyens d'informer et de sensibilser la population au commerce équitable, ou sur les politiques publiques à mettre en place à l'échelle européenne pour promouvoir le commerce équitable.
Le but est évidemment, en fin de compte, de favoriser l'essor d'un système commercial dont les retombées sont directes pour les petits producteurs des pays du Sud. Un secteur en vogue mais encore très peu développé dans l'hexagone : en moyenne, les Français dépensent quatre euros par an pour des produits commerce équitable. C'est cinq fois moins que les Anglais.