à la Galerie Filles du Calvaire, jusqu’au 5 Mai.
Ce sont des portraits, de nombreux portraits, d’hommes et de femmes, enfants, adolescents, jeunes adultes. Ils couvrent les murs de la galerie, ils accaparent le regard, ils se déclinent. Tous, en effet, sont en uniforme : danseuses, chanteuses d’opéra chinois, apprentis sumos, militaires de tous types, à pied et à cheval, garçons bouchers, nageuses, cavaliers. Chacun, chacune est individuel, différent, mais aussi chacun, chacune n’existe que par son appartenance à un ensemble. Vous pourrez distinguer telle ballerine au dessin de son nez, à la couleur de ses yeux, au pincement de ses lèvres, mais vous ne la distinguerez que par rapport à ses camarades, qu’au sein de ce groupe, que dans le cadre de cette typologie: port de tête altier et ambiguïté du début de puberté, maillot peu gracieux, chignon strict et raideur de la pose.
Peu de tendresse chez Charles Fréger : s’il s’attache à la spécificité de chacun de ses modèles, ce n’est guère par sympathie pour eux, semble-t-il (et on devine un homme un peu bourru et timide derrière l’objectif), c’est davantage pour en faire les éléments d’un ensemble, d’un puzzle, d’une équation, pour en tirer une syntaxe, une déclinaison. L’individu et le groupe, le particulier et le collectif, le privé et le public : certains (qui s’intéressent aussi aux légionnaires) travaillent ce thème de manière plus large (alors que d’autres, aux mêmes intérêts, sont d’abord portraitistes). Charles Fréger a choisi de travailler cette problématique à l’intérieur de l’univers du seul portrait photographique individuel : plus dépouillé ou plus limité ?
Photo 1 : LUX, Ballets, 2004, 76 x 58 cm, C-print, Commande et Collection Mudam, courtoisie Galerie Filles du Calvaire
Photo 2 : vue de l’exposition prise par l’auteur (avec les câbles en diagonale…)