Or donc, le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des Collectivités territoriales, le dénommé Brice Hortefeux, par une lettre envoyée à M. Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, demande à ce que L.H., 35 ans, compagnon de la fameuse “conductrice en niqab” soit déchu de sa nationalité française acquise en 1999.
Pour quelles raisons ?
On ne sait pas.
Et d’autant moins quand on lit la “lettre” du ministre dont voici un extrait :
“Selon les informations dont je dispose, cet individu appartiendrait à la mouvance radicale du tabligh et vivrait en situation de polygamie, avec quatre femmes dont il aurait douze enfants. Au demeurant, chacune de ces femmes bénéficierait de l’allocation de parent isolé.”
Vous noterez que les faits reprochés sont tous au conditionnel :
“appartiendrait”, “vivrait” “aurait”, “bénéficierait”.
Or donc, rien n’est avéré.
C’est ce que confirme, en outre, le procureur de la République de Nantes.
Nonobstant, M. Eolas dans son billet du dimanche 25 avril 2010, démontre et de fort belle manière que de polygamie, y’a pas. Tant il est difficile “d’être bigame” en France.
Pour qui s’est déjà marié, ce qui est mon cas, je peux vous assurer que les formalités à remplir sont telles, qu'il est impossible de l’être deux fois. Alors quatre, vous pensez !
Quant aux autres raisons avancées (appartenance à un mouvement, fraude aux aides sociales) par M. Hortefeux, là encore M. Eolas, par un rappel de la loi, stricte et précise, nous indique qu’aucune n’entre dans les conditions de l’article 25-1 du code civil.
Alors c’est quoi ce pastis ?
Eh bien alors, c’est du flan. De la comm’. Un clin d’œil grossier aux électeurs du Front National qu’ont déserté le camp sarkozyste dès les européennes 2009, et plus encore lors des dernières régionales. C’est l’incompétence d’un représentant de l’Etat, un coup politique pathétique, vulgaire, ridicule.
Oh, il n’est pas le seul, à se vautrer dans l’indigne, messire Hortefeux ! Frédéric Lefebvre, qui n’en rate jamais une, ne s’embarrasse guère de la présomption d’innocence (pas mal pour un membre récent du barreau) en déclarant :
"La déchéance de la nationalité est une étape essentielle avant l'expulsion de cet individu, extrémiste, qui bafoue les droits des femmes sur notre sol et arnaque notre système social”.
Définitivement, monsieur Lefebvre est une insulte à la République, une honte majuscule !
Mais comment est-il possible qu’un tel homme ait, dans une démocratie, de telles responsabilités ? Combien de temps, encore, va-t-on accepter d’entendre des politiques “bafouer” (pour le coup, là, c’est un fait) les droits les plus essentiels sur la place publique ? Proférer des ignominies, voire des saloperies caractérisées ?
C’est donc ça, la France ?
Et ça viendrait, par dessus le marché, nous donner des leçons de civisme, de droits et de devoirs ?
Ceci étant, rappel pour rappel, en voici un autre. Et bien gratiné.
En juin 2009, M. Hortefeux (alors ministre du Travail) était candidat aux élections européennes sur la liste UMP Massif Central.
En troisième position.
Pourquoi n°3 et pas tête de liste ?
Vous allez voir, c’est croustillant.
Il l’a même carrément avoué sur Europe 1, le mardi 9 juin 2009 :
«Si j'avais voulu exercer des responsabilités au Parlement (européen), j'aurais été candidat tête de liste»
Et pourquoi cet aveu abracadabrantesque ?
Parce que voyez-vous, il a été élu, le malheureux. Par le peuple. Souverain.
Seulement voilà, ça ne l’arrange pas. Ça le contrarie, ce pauvre homme. Lui, il tient à rester au gouvernement, voyez ! Y’a un poste (tant convoité et espéré) de ministre de l’Intérieur au bout ..
Or, parmi les engagements pris par l’UMP devant les électeurs lors de cette élection, il y en avait un qui disait ceci :
Les candidats de la Majorité Présidentielle s’engagent à être présents au Parlement européen à Strasbourg et à Bruxelles. Ils s’engagent aussi à être présents dans leur région où ils tiendront des permanences régulières.
Non seulement Hortefeux s’y assoit copieusement dessus, mais en outre, il s’assoit sur le vote citoyen. La démocratie, en l’occurrence. Et là, on n’est plus au conditionnel. C’est un fait.
Or donc, voilà un homme, un haut représentant de la Nation, un de ceusses qui doit montrer l’exemple, d’autant plus dans une “démocratie irréprochable’, qui accepte de participer à une élection, mais … juste pour faire “joli”. C’est dire sa conception de la démocratie. Détestable. Qui relève du calcul. De la politique bassement politicienne. C’est dire le dégoût qu’il peut inspirer. Tant son mépris est grand.
Et c’est le même qui, et toujours au mépris de toutes lois, de toute justice, de toutes règles, réclame une déchéance de nationalité ?!?
Dis, M. Hortefeux, vous ne vous foutriez pas un tantinet de nos petites gueules, par hasard ?
Et si, nos petites gueules, rapport à votre attitude aux dernières européennes, réclamaient la déchéance de vos droits civiques, une inéligibilité que j’estime, moi, plus qu’amplement méritée ?