Les finances publiques de la Grèce : épisode 1234

Publié le 26 avril 2010 par Raphael57

Décidément, rien n'est jamais simple au sein de l'Union européenne et de la zone euro en particulier. Après des semaines de tergiversations au sujet des finances publiques de la Grèce, voici que Guido Westerwelle (ministre des affaires étrangères allemand) vient de doucher les espoirs d'un versement rapide des aides bilatérales promises en déclarant : "Faire trop tôt des promesses d'aide concrète ne va que conduire à retirer la pression sur la Grèce [...] Il faut avant tout que la consolidation du budget ait lieu en Grèce".

Sur ces entrefaites, les marchés financiers ont immédiatement surréagi à cette annonce et les taux à dix ans de la dette grecque ont dépassé le seuil des 9 %. Pour mémoire, l'Allemagne s'endette sur la même maturité pour "seulement" 3 % environ... Et ce ne sont pas les déclarations lénifiantes du FMI  (encore que s'entendre dire que les citoyens grecs ne devaient pas craindre le FMI qui est là pour les aider n'est pas vraiment rassurant...) ni du président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, qui ont pu faire illusion sur les dissensions au sein de la zone euro sur cette question.

Christine Lagarde n'a eu dès lors d'autre choix que de pratiquer le grand écart économico-diplomatique pour ne pas froisser ni la Grèce ni l'Allemagne. Elle a ainsi déclaré au Journal du Dimanche que "lorsqu'une partie de ce territoire est attaquée, et que notre devise commune est sous pression, on est tous tenus d'être solidaires". Principe intéressant, mais rapidement tempéré par ces propos : "on veut stabiliser la zone euro. Mais cela n'empêche pas la fermeté et il faudra être extrêmement attentif aux résultats. [...] Nous ne décaisserons pas l'intégralité des sommes tout de suite. Nous le ferons au fur et à mesure des besoins et en cas de défaut de paiement, nous mettrons aussitôt le pied sur la pédale de frein". Donc on est prêt à t'aider, mais sous conditions et pas tout de suite. Retour à la case départ...

Pour finir, rappelons tout de même les montants en jeu : les États de la zone euro s'étaient engagés à fournir quelque 30 milliards d'euros sous forme de prêts bilatéraux, le FMI fournissant un complément estimé à 15 milliards d'euros. Dans le détail, l'Allemagne devait débourser 8,4 milliards d'euros pour sauver le soldat économique grec, et la France 6,3 milliards. C'est du reste le 3 mai prochain que le parlement français débattra du plan d'aide du gouvernement français à la Grèce (6,3 milliards d'euros dont 3,9 milliards débloqués immédiatement). La conclusion de ce billet sera, malheureusement, à l'image du feuilleton américain Santa Barbara (2137 épisodes de 52 minutes) : à suivre !