Un extrait d'un entretien avec le Dr Jean-François Delaloye, professeur associé, médecin-chef du département de gynécologie-obstétrique et de génétique, au CHUV à Lausanne, publié à l'adresse suivante où vous retrouverez l'intégralité de l'article :
http://www.lenouvelliste.ch/fr/news/culture/chaud-froid-sur-le-sein-14-192242
Quelles grandes tendances observez-vous en matière de cancer du sein?
La première qu’il importe de relever est une bonne nouvelle. Dans l’esprit du grand public, le nombre de cancers du sein augmente. Or c’est faux. Sa fréquence diminue depuis 2003 en Suisse romande et dans le monde. Cette baisse, qui se chiffre par exemple à 6% à Genève, est à mettre en corrélation avec la diminution des traitements substitutifs hormonaux utilisés pour combattre les effets indésirables de la ménopause. Cela dit, attention: il va falloir attendre encore quelques années pour savoir exactement si ces traitements substitutifs constituaient un «engrais» pour les tumeurs ou alors un «révélateur», faisant voir plus tôt un carcinome de toute façon destiné à se développer.
La deuxième grande tendance?
Ce qui me frappe, c’est le nombre de jeunes femmes touchées. Pour l’heure, les épidémiologistes disent ne pas enregistrer de chiffres statistiquement significatifs. Reste qu’au Centre du sein du CHUV, ce que j’observe jour après jour m’inquiète. Hier par exemple, j’ai eu dans ma consultation quatre malades âgées de 28 à 32 ans, sans que cela constitue un jour exceptionnel.
Quelle pourrait être la cause d’une augmentation du cancer du sein chez les jeunes femmes?
Les causes – car elles sont nombreuses – ne sont pas évidentes à répertorier. Il existe plusieurs facteurs de risque: la façon dont nous vivons, la pollution, la pilule, le poids, une alimentation trop riche en graisses animales, le fait de repousser l’âge de la grossesse, la consommation d’alcool. A cet égard, la «biture express», qui voit des ados ingurgiter le plus vite possible des alcools forts, est très préoccupante. Il est évident que cette mode se traduira chez ses adeptes par une hausse dramatique du cancer du sein! Parce qu’il touche notre mode de vie, le carcinome mammaire est un problème de société; et chez les jeunes, il devient un problème de santé tout court, qui plus est très aigu.
Problème de société, dites-vous: mais comment réagir?
Nous ne sommes heureusement pas entièrement démunis... Un exemple. Aujourd’hui, de nombreuses femmes font carrière. Avoir son premier enfant à 37 ans est monnaie courante. Lorsqu’une patiente, mettons de 32 ans, développe un cancer du sein, nous lui proposons de penser à une maternité future. Pour une fois, les hôpitaux universitaires de Lausanne et de Genève sont arrivés à bâtir un beau projet commun. Nous avons créé le Réseau romand de fertilité et cancer. Concrètement, nous proposons aux jeunes patientes un prélèvement d’ovocytes et, le cas échéant, de tissu ovarien, que nous congelons. Ainsi, la patiente conserve ses chances d’avoir un enfant plus tard, quand bien même le traitement anti-tumoral la rendrait stérile.
En complément, j'ai trouvé un article sur le site caducee.net détaillant l'épidémiologie du cancer du sein et listant les facteurs à risque. Il présente un tableau des groupes à haut risque et à faible risque.
Je vous mets le lien : http://www.caducee.net/DossierSpecialises/cancerologie/epidemio-cancer-sein.asp
Auteur : Dr Béatrice Minier - mars 2000
25 000 cancers du sein sont diagnostiqués chaque année en France. C'est le cancer le plus fréquent chez la femme (1% des cancers chez l'homme). Il provoque 20 % des décès par cancer.
Les facteurs de risque sont multiples, à composante hormonale, génétique, environnementale.
Facteurs de risque hormonaux
- Régles précoces, ménopause tardive, femme nulli ou paucipare, âge tardif de la 1ere grossesse : ces caractéristiques augmentent les facteurs de risque du cancer du sein.
- L'utilisation de contraceptifs oraux et l'augmentation du risque de cancer du sein a fait l'objet de publications nombreuses depuis des années. Il ne semblerait pas exister d'augmentation du risque de cancer du sein.
- Le traitement substitutif de la ménopause a entraîné de nombreuses polémiques. Aux Etats Unis la plupart des études n'ont pas montré d'augmentation des facteurs de risque de developper un cancer du sein. L'une d'entre elles au moins aurait démontré que l'utilisation d'oestrogènes favoriserait ce risque, mais uniquement pendant la période de prise d'oestrogènes. Par ailleurs, le traitement substitutif de la ménopause n'est pas le même aux USA et en France.
Facteurs de risque génétique
- Il existe des familles où les cancers du sein sont nombreux. Plus le lien de parenté est étroit, plus le facteur de risque est élevé. Par ailleurs, ce cancer du sein devrait se développer plus jeune chez la fille.
Une transmission héréditaire pourrait être à l'origine de 10 % des cancers du sein. Ce sujet a été récemment débattu dans l'actualité puisque dans certains cas, certaines équipes ont proposé une mastectomie préventive.
Facteurs de risque environnementaux
- L'alimentation devrait certainement jouer un rôle. Les femmes japonaises, population à faible risque de cancer du sein, après migration aux USA, présentent la même incidence de cancer du sein que les femmes américaines. Seraient incriminées la consommation de graisses, l'excès de calories et de prise de protéines animales. Les essais réalisés sont multiples et discordants.
- La consommation d'alcool augmenterait les facteurs de risque et le tabac les diminuerait.
Groupe à haut risque et à faible risque. (voir le tableau sur l'article original)
Le groupe au risque le plus faible serait une femme jeune, asiatique ou africaine sans antécédent familial de cancer du sein, au sein sans densité à la mammographie et étant de milieu simple, rural ayant des régles tardives, des grossesses précoces et multiples, ayant allaité ses enfants. Sa ménopause devrait être tardive et elle serait petite et mince...
Et bien évidemment, ce ne sont que des statistiques, on peut faire parti du groupe à plus faible risque et avoir le cancer et inversement faire parti du groupe à plus haut risque et ne jamais l'avoir, si c'était si simple...
Je n'ai pas eu mes règles tôt, j'ai eu deux enfants dont la 1ère grossesse dans ma 30ème année, j'ai allaité longtemps mes filles, j'étais en bonne santé, j'ai toujours pratiqué une activité sportive, eu une alimentation équilibrée et j'étais trop jeune, 34 ans, et pourtant je l'ai bien eu ce cancer. Du moment qu'il y a 1% de risque, il peut être pour nous.
A l'inverse, j'avais vu que seuls 3% des malades du cancer avec métastases au foie étaient encore vivants 15 ans après et je compte faire comme pour le cancer, faire partie des infimes pourcentages...