Voyage délirant en Mammuth

Une page se tourne pour Serge Pillardos (Gérard Depardieu). A 60 ans, c’est la retraite. Et -l’époque veut ça – même quand on a travaillé tout au long de sa vie, difficile de toucher une retraite pleine, surtout quand on n’a pas été déclaré par tous ses employeurs. L’heure est grave: Serge déglingue des voitures à coup de caddies dans les parkings, ne sait plus réparer les portes et s’en sort assez mal dans les rendez-vous aux Assedic. Sur les conseils de sa femme (Yolande Moreau), il enfourche sa vieille moto, la “Mammuth” qui lui doit son surnom, à la recherche de ses fiches de salaires. S’ensuit un voyage aussi poétique que trash, à la rencontre de personnages beaux à l’état brut.

Benoît Delépine et Gustave Kervern signent ici un film hors du commun, qui nous fait passer 1h30 dans un univers complètement  décalé. La construction du film lui donne toute sa force: des séquences courtes viennent toucher là où il faut grâce à des situations et des dialogues assez profonds et complètement dingues. Le fantôme de sa première amoureuse (Isabelle Adjani) , sa nièce (Miss Ming), sa femme… tous les personnages qui gravitent autour de Serge montrent en même temps que lui leurs côtés fêlés et leurs fêlures. Face à un monde et un passé forcement pas très tendres, ils restent eux-mêmes: fragiles, naïfs et simples.

On rit, on est surpris par ces anti-héros qui ont sans doute plus de valeurs que ceux rentrés dans le moule. On est malheureusement parfois un peu lassés quand le trash est poussé un cran trop haut et que le dernier tiers du film tourne en rond.

Cela serait moins facilement pardonné si les acteurs n’étaient pas aussi justes. Depardieu est excellent dans un registre qu’on lui connaît peu, Yolande Moreau revient à l’esprit Deschiens dans des scènes comiques d’anthologie. Quand à Isabelle Isabelle Adjani, elle est tout simplement magnétique.

La politique des retraites aura au moins inspiré quelque chose de bien…