Depuis des semaines, je tourne autour de l'écriture, mon activité "nourricière" opacifiant l'espace de la création et me donnant mille mauvaises raisons pour la délaisser. Et créant ainsi un
profond déséquilibre. existentiel. Existentiel, précisément. Lorque j'entre en écriture, tout refait sens et cette activité quotidienne reprend elle-aussi sa légitime place.
C'est dans cet état d'esprit, en devenir de puissant élan vital, que je m'étiolais. Me souvenant de rencontres belles et fortes, d'hommes inspirés qui m'ouvrirent à la beauté, à la grâce. De
Daniel Mesguish, entre tous, dont l'interview qu'il m'accorda me fit mesurer ce que l'harmonie entre intelligence et inspiration peuvent générer .
Et, particulièrement de Vous, Laurent Terzieff. La dernère fois que j'assistais à l'une de vos représentations, c'était en 2005, au Lucernaire, vous habitiez la scène pour un Florilège des
textes de ces grands auteurs que vous servez depuis votre plus jeune âge .Brecht, Becket, Adamov ou Ionesco, votre panthéon est à votre image... Passionné, vous l' êtes, engagé
surtout, sans rémission .
Alors, lorsque hier soir, je vous vis à la Cérémonie des Molières, appelé par vos pairs à venir recevoir votre légitime récompense, d'apparence si fragile, j'en eu le coeur serré, comme lorsque
l'on sent qu'un ami est prêt à tomber. Mais votre apparence est une mystification... Vos mots, ce qu'ils sous tendent, vous servent de puissante architecture. Sur la
scène, j'assistais, bouleversée, à une métamorphose, en une fulgurance. Votre prise de parole. Oh! Quelques mots. Justes et forts, pour donner à
percevoir un comédien en majesté, un homme de théâtre dans sa pleine acception. Infiniment vivant.
Voilà pourquoi je voulais vous dire: Merci! Monsieur Terzieff. Pour la vie qui coule à nouveau dans mes propres veines, grâce à cette noblesse que vous incarniez hier,
balayant mes doutes sur le sens et le non sens des choses et des êtres. Pour cette façon si particulière d'être au monde, sans relâche. Merci.
Pour tout cela et bien plus encore, que mes seuls mots ne sauraient exprimer.