Il nous faut donc partir en quête de l' du Néant. Projet éminemment paradoxal si nous considérons que le Néant, ou le Rien, est ce qui " n'est pas ". Or, nous ne pourrons résoudre ce paradoxe philosophique, que si nous identifions le Néant à l'être. Plus précisément, si nous considérons, tel que le dit J.-L. Marion, que " le Rien n'établira sa primauté qu'en précédant la négation, donc la logique ; ce qui ne se peut qu'en se donnant en personne, originairement et intuitivement, donc - selon le " principe de tous les principes " - et en se légitimant en droit. "[1] Certes, le néant n'est pas une chose. Nous venons de le dire, nous ne pouvons parler du Néant, ou du Rien, qu'en l'associant à une " expression d'un sentiment de la vie "[2] . Qu'est-ce à dire ? Cela signifie que nous pouvons faire l'
Donc, résumons. Qu'en est-il du Néant ? Le Néant peut-il être donné ? Et comment le serait-il ? Avons-nous seulement accès au Néant ?
Aussi, le Dasein est le seul étant capable de se poser la question du sens de l'existence, de la mort, et de la vérité de l'Être. A la fois conscience ( ) et conscience de soi ( ), le chemin que doit entreprendre le " qui conduit de la métaphysique à l'essence extatico-existentiale de l'homme doit passer par la détermination métaphysique de l'"en-soi " de l'homme "[22] . De fait, il dispose de la possibilité de fuir la déchéance ; une fuite devant le hors-de-chez-soi, à opposer à la fuite dans le chez-soi de la quotidienneté, devant l'inquiétante étrangeté ( ) de l'être-au-monde jeté et remis à lui-même.
Curiosité, ennui, equivoque : la déchéance
La conférence de 29 distingue l'ennui qui nous saisit durant un spectacle ou un travail insipide, et l'ennui véritable qui " révèle l'existant dans son ensemble ". Il s'agit donc de bien distinguer, tel que le remarque J.-L. Marion, l'ennui de quelque chose, de s'ennuyer soi-même de soi-même à propos d'une chose, d'un troisième et essentiel ennui : " l'" ennui profond " (qui) met en cause le " soi " en personne : on s'ennuie de soi en soi, en sorte que tout l'étant comme tel entre en suspension. [...] Ainsi, par la tonalité de l'ennui, le accède-t-il à l'étant dans son ensemble comme un phénomène donné en personne, sans réserve ni condition ; l'étant en totalité se donne à voir, précisément parce que l'ennui rend indifférentes les différences qualitatives et quantitatives entre les étants. Le se trouve donc bien jeté comme tel au milieu de l'étant dans son ensemble. "[35]
Néanmoins, Heidegger dans sa conférence nous met en garde : les tonalités-affectives de la joie ou de l'ennui ont beau nous mettre en présence de " l' , elles nous dérobent le Néant que nous cherchons "[36] . Est-ce donc une aporie apparaissant dans son raisonnement, ou existe-t-il une tonalité plus fondamentale encore ?
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