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A l’ami Jean Ferrat
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Bercé de voix profonde jusqu’au plus haut de cette montagne
Vers enflammés qui se conjuguent en treilles divines
Nectars et sucs gorgés de la sève solaire
*
Hymne d’amour infiniment repris
A gorges déployées dans les longues soirées hivernales
Un poète passe
Grand chapeau blanc sur tête chenue
*
Un parfum d’avenir flotte sur les rocs
Un tendre souvenir s’accroche aux parois abruptes du cœur
Sur une place ivre de soleil
Les amants d’hier marchent
Ils s’assoient devant les volets bleus
Dans un grand vrombissement de mouches affolées
Un troupeau au loin tire ses sonnailles
*
La crinière blanchie sème encore ici et là
Un parfum d’humanité
Ta dépouille fume encore
Que les adversaires d’hier l’encensent
Hommage vibrant du vice à la vertu
Des paillettes au doux retrait
*
Ton sourire ironique convoque les dernières étoiles
D’est en ouest
Tu sais l’éphémère de nos utopies
Ton seul guide bat à l’unisson de deux cordiales attentions
Ouvrant leur bras au rescapé orphelin
Tant qui ne sont revenu du voyage en tristes wagons
Toi
Tu traînas en cette vie le doux nom
Camarade
*
Ils étaient plus que cela
Ils étaient des justes
De ceux qu’on aimerait voir nombreux
Se lever quand le fardeau et l’affront
Porte le fer au creux des espérances
*
Ils ne pleureront pas longtemps sur ta dépouille
Leur mémoire est si volatile
Alors, il nous reste la trace et le poème
Comme ultime parole de silence
A déposer en gerbe
Sur la tâche rouge qui se répand
Rouge du sang des ouvriers
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Manosque, 15 mars 2010
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