La mise en scène, servie par d’impeccables acteurs (parfaite maîtrise de la voix et du corps pour Pierre Arditi) accentue encore l’impression d’étreinte. Le jour se lève, les oiseaux chantent derrière les tentures (et tirent les ficelles ?) Dubois entre en scène, il a des airs de matamore et lance des formules guerrières. Dubois est plus qu’un personnage, c’est l’incarnation du dramaturge, conscient de tirer le filet de l’intrigue comme l’autre tire la tenture, fait tourner un paravent ou fait baisser la lumière.
Entre les actes, la musique de Vivaldi précipite l’action. Araminte ne sait plus ce qui lui arrive. Elle s’affole, se tord les mains, comprend qu’elle tombe dans le piège d’un sentiment qui la torture. Le jeu d’Anouk Grinbert, tout en retenue et en frissons, convient parfaitement à rendre la tension de l’atmosphère. Dubois fait ce qu’il veut de « sa créature ».
A la fin de la pièce, la nuit est tombée, un grand escalier monte vers le haut des appartements d’une Araminte impatiente, saturée de désirs et qui prie Dorante « allons, finissons ! » Lueur de chandeliers, visage de femme déçue au bas de l’escalier, jusqu’au dernier moment. La scène ressemble à un tableau. Les acteurs savent se tenir sur la scène. Travail du maintien des écoles de comédiens… Dubois allume un réverbère, retire ses gants, défait le bandeau de ses cheveux. Satisfait. Le marionnettiste a assuré un grand spectacle. Le rideau qui se ferme à présent est un verrou, comme celui de Fragonard…