En développant CMYKTool, Alastair Robinson s’est donné comme credo d’offrir aux graphistes un utilitaire indépendant permettant de répondre aux besoins de conversion de profils.
Et CMYKTool se comporte vraiment comme un utilitaire: l’ergonomie de base a été minimisée — une contradiction totale avec ses fonctions complexes. Il faut par exemple deviner que pour appeler les options de conversion de couleur, il faut dérouler l’onglet situé sous la mention Utilise les conversions prédéfinies, qui ne fait même pas référence au contenu dudit onglet. C’est pourtant un point essentiel qui devrait être visible dès l’ouverture du logiciel (pardon, de l’utilitaire) et ce seul désagrément ferait presque regretter qu’il ne ressemble pas à une usine à gaz.
Pour le reste, CMYKTool est un outil à la hauteur de ses prétentions. L’aperçu de l’image ajoutée par vos soins est agrémentée de pictogrammes qui ne trompent pas sur leur sens: l’un précise le mode colorimétrique et l’autre la présence (ou non) d’un profil couleurs. Une fois configurées vos options de conversion (voir la capture ci-dessous), il vous reste à afficher votre image dans le cadre principal en cliquant sur Converti (encore une occurence qui mériterait d’être repensée).
Sauvegardez vos options de conversion.
L’inspection
Le cadre principal propose trois prévisualisations. La première, celle proposée par défaut, est l’inspection. Elle vous propose, selon le mode colorimétrique de votre image, de décomposer son affichage d’après ses couches (ou canaux), en activant/désactivant les couleurs correspondantes. Mais ce n’est pas tout, et c’est là une avancée considérable dans la gestion de la couleur via les F/LOSS: il est possible, en survolant l’image, de constater en temps réel les pourcentages de couleurs qui la composent, et par là même d’échantillonner les zones de noir quadri trop intenses.
Visualisez couche par couche votre image.
La simulation
Les deuxième et troisième modes de prévisualisation proposés par CMYKTool sont tous deux des simulations de la sortie CMJN après conversion dans le profil tel que vous l’avez spécifié dans les options. La première simulation adapte le blanc, de façon à ne pas perdre la densité de l’image.
Les outils de prévisualisation
La prévisualisation peut être effectuée simultanément dans plusieurs onglets. Chaque nouvel onglet est lié aux autres onglets, et il faut décocher l’option de lien — classiquement représentée par un maillon — pour appliquer un mode différent. La vue elle-même peut être appliquée globalement à tous les onglets ou indépendamment: le zoom/dézoom s’effectue par un simple clic droit, la navigation par cliquer-glisser.
Le cadre principal se décompose en onglets, exploitables globalement ou indépendamment.
Les points faibles
Comme tout logiciel en début de développement, CMYKTool présente quelques défauts, qui seront sans doute corrigés dans les versions ultérieures. Au-delà des difficultés liées à l’hermétisme de l’interface évoquées plus haut, une fonction essentielle semble faire défaut à CMYKTool: la mémorisation des chemins de ressources. S’il est possible de charger un profil ICC particulier dans la fenêtre des options, il n’est possible d’en charger plusieurs que depuis la fenêtre des Préférences, en spécifiant un chemin en plus des trois proposés par défaut. Or, le chemin entré n’est jamais sauvegardé, même si le répertoire en question n’est pas protégé. Le cas est identique en ce qui concerne la possibilité de faire appel à des utilitaires Argyll.
Il s’agit pourtant là d’un point fort de CMYKTool: la possibilité de s’appuyer sur ces utilitaires pour mener à bien les conversions, et même, comme le prétend son auteur, créer des device-link profiles à partir de deux profils CMJN. Cela permettrait d’effectuer une conversion pas ou peu destructrice entre deux profils CMJN.
La mémorisation des chemins n’est pas (encore) le point fort de CMYKTool.
En conclusion
En vertu de sa fraîcheur, CMYKTool ne demande qu’à être amélioré, mais constitue déjà une excellente surprise et un outil sur lequel on peut dès maintenant s’appuyer en milieu pro, ne serait-ce que pour la conversion et l’échantillonnage des composantes quadri. Et nul doute que son auteur, à qui l’on doit déjà l’indispensable Separate pour Gimp et ImgTarget, saura faire apprécier sa réactivité (trois versions de l’utilitaire depuis janvier) et sa connaissance de la gestion de la couleur pour développer un outil en passe de devenir une référence.