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La Retro : Guru

Publié le 25 avril 2010 par Cuttingpapers

Guru - Keith Elam

Avec La Retro, le blog lance une nouvelle rubrique. Régulièrement, découvrez ou redécouvrez un groupe ou un artiste.
Cette semaine, actu oblige, c’est une retro spécial Guru.

Ce mardi 19 avril le rappeur Guru, de son vrai nom Keith Elam nous quittait des suites d’un cancer. Pendant 25 ans, l’homme a été le créateur exigeant d’un rap de qualité, ou il fusionnait le jazz et le hip-hop

Né Keith Elam en 1966, son père fut le premier juge noir à la cour de Boston, et sa mère Co-directrice des bibliothèques des écoles de cette ville.
Après avoir travaillé un temps comme travailleur social, Elam commence sa carrière en 1985 sous le nom de MC Keithy E.
Il changera assez rapidement pour prendre le nom de GURU. Plusieurs interprétations sont possibles pour l‘acronyme, mais la plus répandue reste celle-ci : Gifted Unlimited Rhymes Universal.
C’est en 1988 qu’il rencontre Christopher Martin, a.k.a DJ Premier, créant ainsi le groupe GangStarr.
De cette collaboration naitront six albums, dont au moins quatre d’entre eux seront, à juste titre, acclamés par la critique et jugés influents.
En 1989, c’est No More Mr Nice Guy qui sort.
Bien qu’il pose les bases de ce que deviendra le groupe, il ne se différencie que peu du reste de la production, mais reste un album de bonne facture sans être réellement révolutionnaire.
Les samples de jazz sont déjà présents, ainsi que des textes politiquement engagés.

Pochette Gangstarr - Daily Operation
Deux ans plus tard, c’est au tour de Step in the arena. C’est avec cet album que GangStarr commencera réellement à percer. La voix de GURU se fait plus assurée, en même temps que les textes, bien que très réalistes, gagnent une pointe d’optimisme.
Sur cet album figure la chanson Just get a rep, considérée par beaucoup comme LE gage du talent de GURU en tant que songwriter.

En 1992, c’est avec Daily Operation que le groupe s’impose définitivement. Tout, des instrus aux paroles en passant par la production semble d’une grande précision.
L’album se veut comme une représentation en même temps qu’un hommage à New-York et à sa culture hip-hop underground.
Plus que jamais, les samples de DJ Premier et ses arrangements sont au top, et GURU impose sa présence.
Daily Opreation peut aisément être qualifié de meilleur album rap des années 90, avec The Low End Theory et Midnight Marauders d’A tribe called quest (excellents albums dont je recommande chaudement l’écoute – surtout Midnight Marauders).

La grande force de GangStarr réside aussi dans le fait qu’alors que le mouvement se tournait de plus en plus vers un aspect commercial (qui entrainera finalement le discrédit du hip-hop et un flot de bouses phénoménal), celui-ci restait campé sur ses positions de départ, refusant le « bling-bling » dans l’attitude comme dans les textes.

Entre la sortie de cet album et celui du suivant (Hard to earn en 1994), GURU s’offre une escapade solo, bien que produite dans les premiers temps par son comparse.
Son nom : Jazzmattazz.

jazzmatazz vol1 La Retro : Guru
Les jazzmattazz, qui sont au nombre de 4, sont des versions beaucoup plus poussées du concept de fusion hip-hop/jazz.
Sur le premier album, on retrouve de grands noms du jazz comme Lonnie Liston Smith , Roy Ayers, et même notre MC Solaar sur le morceau Le bien, le mal. On notera les très bons Loungin’ et When you’re near et .
Le deuxième volume sortira en 1995 (on retouvera d’ailleurs Jay Kay de Jamiroquai sur celui-ci) et le troisième en 2000.
A chaque fois le concept est le même, et les collaborations ont chaque fois plus de gueule. Seule ombre au tableau. GURU semble verser dans la redite, et son style d’écriture stagne.

Du côté de GangStarr, c’est en 1998 que sort un nouvel album. Quatre ans le séparent de son prédecesseur. Malgré tout, le groupe même s’il ne surprend plus réussit à convaincre, avec des morceaux comme Above the clouds ou l’éponyme Moment of truth.

2003 voit la naissance du dernier album du groupe The Ownerz, ainsi que sa dissolution. L’album en lui-même est une charge contre l’industrie musicale, et une remise à zéro des compteurs envers les

rappeurs East-Coast de l’époque. Bien que toujours à compter dans le haut du panier, l’album comporte quand même moins de perles que ces prédécesseurs.

Guru s’émancipe donc de DJ Premier et part continuer sa carrière en solo. En 2005 sort Version 7.0 : The street scriptures. Il est produit par Solar. Bien que supérieur au volume 3 de Jazzmatazz et à l’erreur de parcours Baldhead Slick & da Click (2001), l’album peine à retrouver la grâce et la force des grandes heures du duo.

Il faudra attendre 2007 et le vol 4 de Jazzmatazz pour revoir l’homme en grande forme. 15 ans après le lancement de la série. On notera les morceaux Living legend, State of Clarity ou le brulôt anti-Bush Kissed the world.
L’album sera accompagné d’un autre intitulé The Mixtape, avec une sortie malheureusement plus confidentielle. Malheureusement, car il contient quelques perles dont le très beau Peace !

GURU sortira son dernier album en mai 2009. Il est intitulé 8.0 : Lost and Found.
Le rappeur nous a quitté à l’âge de 43 ans, en gardant quelques rancœurs vis-à-vis de son compagnon de GangStarr et en laissant derrière lui un héritage de qualité pour le monde du hip-hop.


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