A chaque élection, les listes politiques mettent en avant des membres de la société civile. Untel est sportif, un autre membre d’une association, chef
d’entreprise etc etc….
Formule à la mode, la société civile témoigne d’une défiance du citoyen sur les politiques et de la seule réponse portée par la classe politique pour y remédier. L’acteur de la société civile est
une sorte de vitrine alléchante visant à attirer certains électeurs au détriment du fond politique sur lequel un parti devrait nécessairement convaincre les citoyens.
A droite, la société civile est issue généralement des milieux économiques, les gestionnaires qui ne cessent de fustiger l’action publique et en discréditer l’efficacité. Parfois, il
s’agit de personnalités sans aucune envergure montées médiatiquement. Ils sont de fait habilités à donner leur avis au nom de la société qu’ils incarnent.
Ils ne cessent de mettre en avant la liberté individuelle contre l’action publique. Ayant un avis sur tout, ils sont en fait le relais des possédants et non l’expression de la
société…
Les personnalités de la société civile de gauche viennent généralement du tissu associatif caritatif. Il n’est pas question ici de critiquer l’action de ce secteur qui tente de combler les
lacunes de l’intervention publique face aux inégalités engendrées par le système capitaliste. Les associations et ONG se sont substituées à l’autorité publique.
Est-il normal de laisser le gestion des problèmes des inégalités à des structures non institutionnelles? L’action publique ne devrait elle pas au contraire refléter l’intérêt général ? Face au
phénomène de la pauvreté, ne revient-il pas dans un premier temps aux pouvoirs publics d’y remédier par une politique de correction puis de s’attaquer à plus long terme aux racines
du mal ?
La place de la société civile à gauche suggère plusieurs réflexions : le parti sa structure et militante ne seraient qu’une vieille machine coupée des réalités de la société ; la société civile est donc
plus apte que les militants sclérosés.
La volonté d’engagement politique passe par l’affichage de ses couleurs politiques, l’étiquette société civile est un passe passe bien pratique parfois pour rebondir sur ses pattes tout en
bénéficiant de soutien d’un parti. On s’engage sans trop se compromettre, c’est finalement bien pratique pour assouvir parfois ses ambitions. L'engagement associatif est parfois hélas
le point de départ calculé pour une carrière politique.
Bernard Kouchner, compagnon de route du PS mais jamais socialiste encarté, ancien médecin célèbre pour son action dans les ONG, il est actuellement sans aucun scrupule ministre d’un gouvernement
de droite
Et pour conclure, puisque la société civile est devenue une mode, pourquoi ne pas aussi valoriser la société militaire ?
Plus sérieusement, la société civile illustre clairement le processus de dépolitisation de la société gangrenée par l'idéologie dominante actuelle, le
néolibéralisme. Non seulement, elle n'est pas un remède au retour du citoyen vers la politique, elle ne fait qu’accréditer que même la classe politique admet aussi que la politique n'est plus
capable de représenter la société.
Nous payons hélas le rétrécissement la base militante de ces 20 dernières années. Nous payons également les logiques qu’une partie de la gauche a suivie depuis 1983.
L’action politique est en crise et ce n’est pas la société civile qui va la sauver.