A l’origine de deux simulations de pilotage de blindés, Steel Fury – Kharkov 1942 et T72 – Balkans in fire, le petit studio ukrainien Graviteam (deux programmeurs, un graphiste et un créateur de cartes) tente une percée dans le domaine « tactico-opérationnel ». Cette première incursion en territoire inconnu, connaissant le succès d’estime remporté par chacun des titres pré-cités, ne peut laisser imperturbable le wargamer un tant soit peu attentif.
Lorsque l’on considère la pauvreté de l’offre actuelle en termes de jeux de combat tactique, proposant ne serait-ce qu’un semblant de réalisme, l’offensive entamée par Graviteam éveille nécessairement l’intérêt. Sorti depuis peu, Achtung Panzer – Kharkov 1943 risque fort de faire du bruit dans les guérites. Un fameux bruit de chenilles !
Une visite du site mis en ligne par Graviteam s’apparente à l’incursion dans un endroit étrange. A première vue, on se trouve en terrain familier ; un espace Internet consacré aux jeux de guerre, rédigé d’un anglais scolaire étranger. Un léger trouble ressenti également, confusément, en regardant les graphismes proposés. Mais l’impression de décalage avec ce que présentent d’ordinaire les mastodontes du jeu vidéo, naît lorsque le visiteur découvre un lien incongru niché parmi la liste des dernières productions militaristes du studio.
On y apprend que ces gars-là, à priori passionnés de blindés, d’armes lourdes et de champs de batailles boueux (ils ont travaillé pour l’armée ukrainienne), sont également les créateurs d’un logiciel… d’aménagement de jardins et d’espaces verts ! Une surprise innatendue qui va teinter curieusement la perception qu’on peut avoir d’Achtung Panzer. L’idée d’une conception vidéo-ludique légèrement décalée vis à vis du reste de la production actuelle. La pratique du jeu ne fera que renforcer cette impression fugace.L’étendue des paramètres modifiables, comme leur nature, indique immédiatement qu’il ne s’agit pas ici d’un jeu « casual » ! A bon entendeur…
Ce jeu est un O.V.N.I. dans les catalogues récents de wargames. Un titre résolvant les batailles en temps réel, comme tant d’autres parus depuis dix ou quinze ans mais dés l’installation, l’évidence saute aux yeux. Après un bref coup d’œil aux icônes et scénarios proposés, le joueur devine qu’il aura affaire à « du lourd ». L’impression donnée est celle d’un logiciel qui risque de nécessiter de fréquents allers-retours vers le manuel. La suite de la découverte va nous le confirmer.
Pour mettre les choses au clair immédiatement, il est nécessaire d’affirmer que ce jeu va devenir une référence dans son domaine. Aussi sûrement que Combat Mission et Close Combat le sont devenus au fil des ans. Cette volonté de lancer la ligne avant l’appât est mûrement réfléchie. C’est probablement le plus sûr moyen de ne pas effrayer les novices avant d’aborder le descriptif et de faire part des griefs, comme des louanges, que cette simulation ne manquera pas de s’attirer.
D’ailleurs une suite nommée Operation Star est déjà en cours d’élaboration. Elle apportera son lot d’améliorations au niveau du moteur du jeu, de nouvelles unités (dont les Tiger) et simulera la contre-offensive allemande de Manstein qui stoppa l’Armée Rouge après sa victoire à Stalingrad. Voyez cet article pour quelques images supplémentaires (et si le russe ne vous effraie pas, il existe une démo, téléchargeable ici – lien direct 581 Mo).
L’accès aux opérations. Peu nombreuses mais chacune est jouable côté allemand ou russe. Les premiers offensifs, les seconds généralement défensifs ; bien que les situations tactiques soient plus souples qu’il n’y paraît. On remarquera la présence de boutons « Editor » et « Quick battles », correspondant au générateur de batailles rapides paramétrables.
Simulation ! C’est bien de cette philosophie dont il sera question tout au long du test. Graviteam a clairement la passion de l’histoire militaire, de ses matériels, ainsi que de sa représentation dans le cadre d’un jeu. On pourrait parler de sérieux dans la démarche. Un sérieux qui se manifeste dès le premier contact avec la carte topographique servant de cadre aux batailles à venir. Ayant nécessité de nombreux repérages, tant visuels, photographiques, que vidéo, sur le terrain réel du conflit, la région de Kharkov est également le lieu de résidence de certains développeurs du projet. Un choix qui ne laisse donc rien au hasard. Cela peut paraître anecdotique, il n’en demeure pas moins que cette rigueur, même relative, pose clairement l’état d’esprit de la démarche.
De nombreux raccourcis clavier, classés par attributions (opérationnel ; tactique ; menus, etc.) sont personnalisables. Un gage de flexibilité… mais parfois aussi, de confusion.
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