Petit retour en arrière : avoir vu Dig!, c'était avoir envie de traîner avec Anton Newcombe. Sentir à quelques centimètres son haleine de drogué alcoolique abruti qui se prend pour Jésus, essayer de pas vomir. Crever les pneus des Dandy Warhols. Faire partie du groupe, quitte à n'agiter que les maracas. Limite espérer se faire taper dessus pour le souvenir, carte postale imprimée noir sur blanc direct autour de l'œil.
Si je peux rassurer les nostalgiques des mid-nineties, Newcombe n'a pas vraiment tué le Sergent Poivre (à trop penser à Charles Manson et Jim Jones...). Plus de dix ans après ces images, après le terrible My Bloody Underground, c'est encore la même histoire, à l'écoute du nouveau BJM garanti sans nostalgie post-Stones. Se mettre tout nu, garder ses chaussettes et courir faire pipi dans la boîte aux lettres des voisins. Who Killed Sgt. Pepper ? Let's Go Fucking Mental.
Ce titre déjà. Comme la chanson Bring Me The Head Of Paul McCartney On Heather Mill's Wooden Peg. Le sens de l'accroche, la formule qui fait louche, histoire de satisfaire la tripotée d'apprentis weirdos qui a rêvé un trip down the Sunset Strip à la première écoute de Take It From The Man ! Bizarrement c'est toujours les Fab' qui s'en prennent plein la tronche alors que Newcomb(l)e a déjà laissé éclater son amour pour d'autres. Depuis, parait que le quadra s'est calmé, qu'il a les tempes qui grisonnent, qu'il se partage entre l'Islande et les Etats-Unis. Et puis aussi: "Anton aurait arrêté l'alcool".
So what. Exception faite de l'envie de faire du stock, après trois inhalations de poppers le son à fond et tout dur à l'intérieur, quel est l'intérêt de ce disque ? Son titre en forme d'excuse pour faire l'apologie d'un joueur de Bhajans multi-disques de platines (Anup Jalota)? Pas seulement.
Il faut tuer Sgt. Pepper, parce que l'idée la plus chiante sur le rock est de lui avoir donné tant d'importance. D'avoir fantasmé des micro-évènements comme on s'extasie sur un steak de porc sel poivre. Tuer Sgt. Pepper, parce qu'au fond ce qui rend si attirant les albums du Brian Jonestown Massacre ce sont bien les trois ou quatre perles dispersées en milieu d'albums globalement foireux. Allô ? Ici des trucs un peu boiteux qui racolent entre le pompage Joy Division, un chant de hooligan et la voix moyenne d'Unnur Andrea Einarsdottir. Globalement foireux et excellent.
Who Cares, Sgt. Pepper ? Une compensation pour les bons conseils. Bande-son avant de reprendre l'air blasé du connard qui en a vu d'autres.
The Brian Jonestown Massacre // Who killed Sgt. Pepper? // A Records (Differ-ant)