« Le soliste » de Joe Wright ( Studio Canal)
Sortie cinéma 23 décembre 2009
En d
Je n’ai pas vu ce film en salle, devant la critique très mitigée qui en ressortait à l’époque . Juré , promis, je n’écouterai plus les avis des professionnels , pour ne pas rater ce genre de petit bijou , qui dans le ton et l’esprit me fait penser à « The visitor » ( dans ce blog )
« Le soliste » est une histoire vécue , adaptée d’après le livre que Steve Lopez a écrit sur son expérience journalistique. Editorialiste au Los Angeles Time, divorcé, en panne d’idées,rien ne va plus quand il découvre un SDF jouant du violon sur deux cordes de façon fantastique . Ce qui au départ n’était qu’une chronique quotidienne va devenir un engagement personnel pour aider ce sans abri, un personnage hors du commun . Et au fil des rencontres Steve Lopez ( les noms réels ont été conservés ) tombe dans la fascination de cet homme qui lui renvoie désormais une autre image de sa propre existence.
L’enquête qu’il engage l’amène à retrouver un peu de la famille de Nathaniel Ayers, qui dès son enfance montre une très grande aptitude à la musique. Beethoven est sa référence, qui hante son cœur et son esprit apaisant de terribles voix intérieures. Face à ce mur infranchissable, ( on parlera plus tard de schizophrénie ), il opte pour la rue, peut-être la bonne issue afin de trouver le chemin de paix et de sérénité qu’il entend marteler dans sa tête .
Sous le regard de Beethoven, deux hommes que tout sépare vont devenir amis . Une histoire vraie !
C’est la confrontation de ces deux très fortes personnalités, totalement opposées que le réalisateur Joe Wright organise graduellement autour d’une même passion musicale. L’un joue pour s’évader, pour la sérénité que sa musique lui apporte, l’autre l’entend et se retrouve. Il y a des scènes urbaines d’une beauté paradoxale sous des ponts, dans des bas-fonds, le jour comme la nuit , où le monde n’existe plus pour ces deux êtres, entourés de mendiants, de paumés, de malades. Là où Nathaniel Ayers se réfugie avec Ludwig van Beethoven, c’est un peu la cour des miracles. Mais la caméra de Wright la rend si perceptible qu’elle révèle l’envers du miroir dans lequel ne peuvent se regarder les 90.000 sans abris de Los Angeles.
Un chiffre incroyable révélé par les bonus qui nous proposent aussi de rencontrer les personnages réels du film. Invité à assister au tournage ,Nathaniel Ayers a préféré s’installer sur le trottoir d’ en face ; il a sorti son violoncelle. Les retrouvailles entre les deux hommes sont assez extraordinaires , comme s’ils appartenaient encore au film .
C’est dire la réussite de Joe Wright et de ses deux excellents comédiens Jamie Foxx , qui dit-on a été choisi parce que Will Smith aurait refusé ( il a bien fait ) et Robert Downey Jr., parfaitement à l’aise dans son malaise indicible. Un regard, un silence pour exprimer des tonnes de sensations .« C’est le Monsieur-tout-le-monde du film, quelqu’un qui nous ressemble. Il n’a jamais su s’engager auprès des autres, et il aborde cette relation avec Ayers pour le sauver, mais c’est finalement lui qui sera changé par cette expérience » dit très justement le réalisateur, qui a aussi tenu à ce que les figurants soit authentiques.Ils vivent encore dans le quartier où s’est déroulé le film.
LES SUPPLÉMENTS
Un making of de 20 minutes , très instructif
Des scènes coupées , dont quelques unes auraient malgré tout pu rester au montage. C’est aussi à voir, sans hésiter.