Se voiler la face

Bénigne Gagneraux, Les Vestales recevant le Palladium des mains de Metellus, 4e quart 18e siècle, (Dijon, musée des beaux-arts )
L'expression bien connue "se voiler la face" signifie  aujourd'hui se couvrir le visage, soit pour ne pas voir un spectacle qu’on réprouve, soit par honte pour éviter le regard d'autrui.
Très tot, le voilement a été associé cependant à l’idée de la dévotion et au religieux, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, comme le montre très bien Salomon Reinach, dans son étude sur " Le Voile de l’Oblation", Revue des études juives (1900).
"Dès que ta flotte sera parvenue au terme de sa course, dit Hélénus, et que tu auras élevé des autels sur le rivage pour acquitter tes voeux, couvre-toi la tête d’un voile de pourpre, de peur qu’au milieu des feux sacrés allumés en l’honneur des dieux un visage ennemi ne se présente à tes regards et ne trouble les présages", (Virgile, Enéide, III, 403-409).
Plutarque allègue aussi cette explication, mais il en propose encore trois autres : 1° on adore les dieux la tête couverte par humilité ; 2° on agit ainsi pour ne pas entendre, pendant la prière, les paroles de mauvais augure ; 3° on veut signifier que l’âme qui adore les dieux en dedans de nous est couverte et comme cachée par le corps.
La séparation du monde est ainsi affichée pour le temps de la prière puis en permanence par les personnes consacrées (pretres et religieux).

Hippolyte  Flandrin, Le cortège de saintes, 2e quart du 19e siècle (Paris ; musée du Louvre)Ces pratiques antiques ont été maintenues à l'époque médiévale dans l'Occident chrétien et de nos jours dans certaines circonstances bien définies (costume religieux, voile de la mariée, mantille portées lors des visites au pape par exemple).
Pour autant, "ne pas se voiler la face" signifie aussi qu'on est lucide sur une situation (puisqu'on y voit clair) et qu'on ne cherche pas de faux prétextes pour l'éluder.
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