Inspecteur général de mathématiques, Rémy Jost est allé en Finlande au printemps 2006 et a rédigé un rapport pour le ministère de l’Education nationale. "Leur système éducatif est récent. Il a vingt ans d’âge, contre 200 pour le nôtre, forcément plus sclérosé, commente-t-il. Une des raisons du succès finlandais tient d’abord à la souplesse du système. La scolarité des lycéens se fait entre 2 et 4 ans, selon le rythme de l’adolescent. Une ou deux années peuvent s’effectuer à l’étranger. Il n’y a pas de redoublement. Les décrocheurs travaillent en tout petits groupes. Les classes sont de toute façon toutes petites, la norme se situant entre 12 et 25".
"Il n’existe pas de programme rigide, poursuit le haut-fonctionnaire, mais de grandes orientations, déclinées localement. Les établissements sont contrôlés au hasard par échantillon représentatif, pour vérifier la mise en application des directives nationales".
Pour l’expert, le succès finlandais s’explique également par "un goût de l’effort et de l’autonomie", ainsi que par la grande cohésion de la société. "95% de la population est luthérienne. 97% d’origine finlandaise. Les élèves étrangers ont, en outre, une proximité culturelle, la plupart arrivant de Hongrie ou des pays baltes".
Ce qui a frappé, en outre, l’inspecteur, c’est la régionalisation du recrutement. Les proviseurs embauchent eux-mêmes, en lien avec les autorités municipales. Autre spécificité : les enseignants, même si leur rémunération n’est pas extraordinaire, -inférieure à celle des Luxembourgeois et Américains, comparable à celle des Français-, jouissent d’un immense prestige dans la population. Le concours très difficile qu’ils passent leur donne un vrai statut de notable. Chacun d’eux dispose d’un bureau. "Enseigner est un métier recherché et considéré", s’exclame Rémy Jost.
Plébiscité par l’OCDE, admiré par de nombreux pays, la Finlande laisse certains Allemands –sans doute envieux !- un peu dubitatifs. Réformé de fond en comble, son système a été en partie inspiré sur ce que faisait jadis… la RDA.
Source : Challenges.fr