La puissance des équipements de biologie actuels a permis la mise au point de nouveaux outils de diagnostic et de suivi médical. Grâce aux biomarqueurs, il est possible d’établir des diagnostics plus précocément, d’administrer les traitements les plus appropriés et d’accéder à un suivi ”sur mesure” des patients.
L’essor des biomarqueurs « modernes » va de pair avec celui de la biologie moléculaire, de la génomique, de la protéomique ou encore, plus récemment, de la métabolomique (étude de la structure et du fonctionnement des molécules du métabolisme). L’automatisation de la manipulation des échantillons biologiques et le recours à l’informatique pour le traitement des données ont en effet donné accès à une masse d’informations biologiques exploitable.
Si les bénéficiaires des biomarqueurs sont bien, in fine, les malades, de nombreux acteurs interviennent dans le processus (société de biotechnologie, entreprise du diagnostic, plus rarement laboratoire pharmaceutique), qui va de leur découverte à leur utilisation en routine. Si le groupe suisse Roche, dont le célèbre test HER2 accompagne la prescription ou non de l’anticancéreux Herceptine dans le cancer du sein, fait exception, cela s’explique tant par sa longue pratique d’un double métier pharmaceutique et diagnostique que par une intégration précoce des biotechnologies. La plupart des autres groupes pharmaceutiques (GSK, Merck, Pfizer, Sanofi-Aventis…) accèdent aux biomarqueurs via des accords avec les sociétés spécialisées. « En effet, dans la mesure où il s’agit d’un marché naissant, c’est aussi un marché très fragmenté entre de nombreux acteurs ». On en dénombre d’après une récente étude Drost & Sullivan près de 150 sur le seul marché européen.
Le coût de mise au point et de validation du biomarqueur peut atteindre plusieurs millions d’euros. « Mais la valeur du biomarqueur dépend aussi du service médical rendu : combien fait-il économiser au système de santé grâce à la meilleure adéquation du traitement ou à la découverte plus précoce de sa maladie ? ». « En France, il faudra du temps pour faire prévaloir une telle approche », estime Alain Huriez, président de TCLand et responsable du groupe de travail du LEEM consacré aux biomarqueurs.
Les tests développés dans la sphère publique sont, en effet, essentiellement valorisés en termes de coût (115 euros environ pour un test de prescription d’anticancéreux, le double pour un test de diagnostic…).
« Aux Etats-Unis, au contraire, poursuit Alain Huriez, les économies potentielles liées aux biomarqueurs sont déjà prises en compte ainsi que l’intérêt d’une médecine personnalisée. » Aussi, les organismes payeurs, privés ou publics, les remboursent.
On peut malgré tout se demander si cela justifie que la société Genomic Health vende 4.000 dollars le test Oncotype DX, qui permet de n’administrer qu’à bon escient les chimiothérapies dans le cancer du sein…