Albert II, un roi instrumentalisé dans une Belgique déboussolée

Publié le 25 avril 2010 par François Collette

Je ne vous apprends rien, le moribond royaume de Belgique vit un nouveau psychodrame dont il a le secret, sauf que cette fois il se dirige tout droit vers le point de non-retour. Plus personne n’est dupe, pas même à l’étranger. 

Bien que n’étant point monarchiste (ceux qui me lisent régulièrement le savent), j’avoue éprouver le plus grand respect et même une certaine compassion pour ce bon roi Albert, ultime symbole de l’unité du pays à défaut d’en être le garant, qui se dévoue corps et âme pour tenter de sauver ce qui peut l’être encore. Mais il est un fait que personne ne peut nier : le roi est nu et totalement démuni au milieu des belligérants. C’est en effet la particratie qui est à la manoeuvre. L’indépendance du « chef de l’Etat » est inexistante, en Belgique et ses initiatives en temps de crise, tant louées par certains, sont avant tout celles que les présidents de partis lui dictent en fonction de leurs propres intérêts.

Un roi instrumentalisé

Le roi des Belges est instrumentalisé (je n’oserais pas dire manipulé) par les présidents des partis les plus influents du royaume car, en vertu de la Constitution, il n’a quasi pas d’autre choix que de faire ce que les politiques lui demandent de faire. Cela est encore avéré en ce moment avec la désignation du président des libéraux francophones (MR), Didier Reynders, en tant qu’explorateur chargé de savoir s’il est encore possible de négocier rapido la scission de l’empoisonnant « BHV ». Voici donc un nouveau missionnaire royal. Un de plus mais pas n’importe lequel.

Ce nouveau lapin que le souverain vient de sortir de son chapeau lui a été apporté sur un plateau d’agent par les chrétiens-démocrates flamands (CD&V) et les libéraux flamands (Open VLD) trop heureux de pouvoir jouer un tour de cochon aux sudistes qu’ils accusent d’être les responsables de la crise actuelle.

Le MR piégé

Cette initiative prétendument royale est un piège pour Reynders et son Mouvement Réformateur au sein duquel se meut en toute liberté la bête noire des Flamands et de la gauche francophone : Olivier Maingain, président de la branche bruxelloise du mouvement (FDF) et bouillant défenseurs des francophones de Bruxelles et de la périphérie qui ne cesssent de réclamer l’élargissement de Bruxelles-Capitale aux communes à facilités ainsi que la nomination des bourmestres francophones de la périphérie élus en 2006. 

Didier Reynders a été contraint d’accepter une mission impossible et de pure forme puisque la nouvelle échéance BHV est fixée à jeudi prochain (29 avril) lors de la séance plénière de la Chambre. Mais une mission à forte connotation politicienne qui n’est pas sans risque pour son mouvement et pour la communauté francophone. Les Flamands veulent en effet négocier sur base de la note Dehaene « point barre », une note imbuvable pour certains francophones et difficile à avaler pour les autres. 

Contraint et forcé, le roi a ainsi jeté de l’huile sur le feu tout en faisant le jeu des partis flamands.

A suivre, bien sûr.

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Photo Belga empruntée à LLB