Coup d'arrêt dans le rapprochement entre les deux voisins au lourd contentieux : la coalition au pouvoir à Erevan a décidé d'interrompre le processus de ratification des protocoles arméno-turcs, et donc la marche vers une normalisation des relations et la réouverture de la frontière commune (fermée depuis 1993).
Le site internet CollectifVan propose une traduction du communiqué de la partie arménienne, dont voici un extrait :
"Les efforts constructifs du côté arménien et les attentes de la communauté internationale se sont heurtés continuellement aux positions irresponsables et tactiques d’évitement de la partie turque, et à la politique répétitive de la mise en place de pré-conditions ce qui a mis dans l’impasse la procédure de ratification dans des délais raisonnables, des protocoles arméno-turcs signés le 10 octobre 2009 à Zurich. La majorité politique de l’Assemblée nationale de la République d’Arménie considère comme inacceptables les déclarations récentes du coté turc, particulièrement celles du Premier ministre Erdogan, par lesquelles la ratification des protocoles arméno-turcs est mise encore une fois en dépendance directe avec le règlement du conflit du Haut-Karabagh/Azerbaïdjan."
Cette zone est au coeur de toutes les tensions (avec la non-reconnaissance du génocide arménien par Ankara) : la région sécessionniste du Haut-Karabagh, en Azerbaïdjan, est peuplée majoritairement d'Arméniens. Elle a proclamé son indépendance à la suite de l'effondrement du bloc soviétique, en septembre 1991. En pleine négociation sur les protocoles arméno-turcs, en octobre 2009, le président turc, Tayyip Erdogan, liait ceux-ci à un retrait arménien du Haut-Karabagh : “Si cette question est réglée, notre peuple et notre parlement auront une attitude plus positive vis-à-vis de ces accords”. Pourquoi une telle revendication ? Principalement parce que l'Azerbaïdjan est un partenaire énergétique essentiel à la Turquie.
Cette pré-condition n'avait pas empêché la signature des accords, il y a six mois, mais refait surface à l'heure des ratifications.Pour la presse turque, il faut voir dans l'attitude d'Erevan un appel du pied en direction du président américain, fervent supporter des protocoles de rapprochement, afin qu'il se positionne clairement sur la question du génocide arménien de 1995. Peine perdue puisque Barack Obama n'a pas prononcé le mot tant attendu lors des commémorations. (photo : United Nations photos)