LA COMTESSE de JULIE DELPY

Publié le 25 avril 2010 par Abarguillet

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L’argument :
A la mort de son mari, la comtesse Elizabeth Bathory se retrouve à la tête d’un vaste domaine et d’une immense fortune. Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Elizabeth étend progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle. Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse. Mais celui-ci l’abandonne. Certaine d’avoir été délaissée car elle n’était plus assez jeune et belle, Elizabeth sombre progressivement dans la folie et se persuade que le sang de jeunes vierges lui procurera jeunesse et beauté. Débute alors une série d’actes sanglants, à la recherche de la jeunesse éternelle

Notre avis : Toujours aussi insaisissable, l’actrice et réalisatrice Julie Delpy, après nous avoir agréablement surpris avec son premier opus au succès mérité (la comédie romantico-méchante 2 days in Paris), se lance dans un projet très ambitieux mélangeant film historique, romance et film d’horreur. En s’inspirant de la légende de la comtesse Bathory, contemporaine du comte Dracula, Delpy fait preuve d’une belle ambition en reconstituant la Hongrie du 17ème siècle et en entremêlant la légende et les événements historiques tels qu’ils auraient pu advenir. Grâce à différents niveaux de narration, le spectateur fait peu à peu connaissance avec une femme au comportement trouble, à la fois terriblement froide et antipathique, mais également fascinante par sa capacité à s’imposer dans un monde d’hommes. Avec un jeu à la fois frontal et ambigu, Julie Delpy incarne avec une hautaine arrogance cette femme en apparence très forte, mais qui sombre en réalité dans la folie la plus pure.

 

Accompagnant son personnage jusqu’au bout de sa démence, la réalisatrice opère également un basculement progressif de son long-métrage vers l’horreur. Si le début du film se caractérise par un humour cruel salvateur, puis par une romance qui ne s’apparente jamais à une bluette sans intérêt, la suite des événements débouche sur une fable particulièrement cruelle (et parfois gore, vous êtes prévenus) qui évoque certains passages de Hostel 2, des ambiances déjà vues dans Les yeux sans visage, les délires sadiens d’un Mario Bava ou encore, à un moindre niveau, d’un Jesus Franco. Tous les amateurs de ce cinéma de quartier des années 50-60 seront donc aux anges, tandis que ceux qui s’attendent à une énième biographie historique compassée feront grise mine. Avec ce petit bijou de méchanceté brute, Julie Delpy affirme une fois de plus une personnalité forte à l’intégrité artistique sans faille. Si l’on peut légitimement lui reprocher quelques erreurs historiques ou bien le mélange hétéroclite d’acteurs européens qui doivent tous parler anglais (coproduction oblige), il faut mettre à son crédit l’audace avec laquelle elle traite son sujet, sans jamais perdre de vue la multiplicité des interprétations concernant cette femme au destin hors du commun.

Virgile DUMAY