Un peu à la manière des émirs, les grands distributeurs suisses vont ou ont augmenté de façon très significative le prix du pain, denrée de base par excellence. Profitant de leur position dominante et de leur rente de situation, les deux frères soi disant ennemis ont décidé de "passer à l'offensive" pour augmenter leurs profits sur le dos de leurs consommateurs coopérateurs. Les matières premières augmentent, le prix monte à la pompe, le consommateur trinque, le distributeur encaisse, et le producteur aussi d'ailleurs.
Il ne fait pas de doute que les moissons n'ont pas été excellentes cette année, mais les calculs justifiant les hausses nous paraissent relever d'une gymnastique arithmétique étonnante. Ainsi on apprend que la quantité récoltée a baissé cette année de 30 % par rapport à l'année précédente, presque un tiers donc en calcul vaudois normal avant la dernière réforme scolaire. Premier étonnement, cette baisse se répercute sur les prix de 12 à 17 %, au niveau du prix des céréales, c'est à dire environ 3 fois moins, toujours en calcul normal vaudois d'avant la dernière réforme scolaire, ou même soyons "généreux" deux fois moins.
Dans la recette particulière du calcul de prix de vente de la livre de pain, on nous annonce qu'il faudra importer des céréales (on ne voit pas ici le problème car leur prix est le même que le prix ci-dessus, puisqu'il est fixé sur le marché international des matières premières …), mais revenons à nos moutons blancs ou mi-blancs. Soit une hausse de 15 % en moyenne des céréales, ceci débouche sur une hausse moyenne annoncée du prix du pain de 3.5 %. Or à moins qu'une recette révolutionnaire existe pour la fabrication du pain suisse, il semble que ce dernier soit fait depuis un certain nombre de dizaines d'années au moyen exclusif de céréales … de levain ou de levure, de sel et d'eau potable.
On n'annonce pas de hausse sur l'eau ni sur les levures. La conclusion arithmétique à laquelle on arrive est que la hausse de 3.5 % est de l'ordre de 4 fois moindre que celle des céréales. On veut donc bien croire tout ce que racontent les grands distributeurs suisses comme une sorte d'évangile selon Sainte Consommation, mais franchement ils se fichent du monde. Cette hausse ne reflète pas du tout celle des céréales panifiables, elle ne peut donc être considérée (comme d'habitude d'ailleurs..) que comme une hausse purement opportuniste et disons le, spéculative.
Car si ces temps le prix des céréales augmente, il est plus que probable que ce prix revienne à la baisse après certaines récoltes en provenance de l'hémisphère sud … où c'est l'été en devenir proche. En plus, les fameux distributeurs jurent leurs grands dieux qu'ils re-baisseront les prix dès que les conditions sur le marché se détendront. Dur aveu qu'ils ne font réellement que du calcul de profit et non pas du travail coopératif dans l'intérêt exclusif de leurs sociétaires.
Que le temps serait venu que les sociétaires des deux géants suisses de l'alimentaire suisses participent aux assemblées générales annuelles comme ils en ont le droit, et par exemple constituent des associations de coopérateurs. On verrait sûrement les prix baisser plus vite que le passage d'une comète.