Force est de constater que les sites de vulgarisation scientifique prolifèrent et qu’en parallèle la demande est de plus en plus grande dans ce sens. Si je tape par exemple «athérosclérose» sur google, je tombe alors dans l’ordre sur le site «doctissimo», qui me donne une courte définition avec les causes et facteurs de risques là, les signes de la maladie ici, la consultation et les examens et analyses complémentaires à effectuer là, puis sur le site «médecine et santé», qui me renvoie vers un tas d’autres articles là et puis sur le dictionnaire «vulgaris-médical», qui me donne une définition exhaustive de ce qu’est une «athérosclérose». Ensuite arrive Wikipédia en 4ème position, puis encore toute une série de sites universitaires, médicaux, et/ou de vulgarisation scientifique dont je vous épargnerai l’énumération de peur de vous donner le tournis.
Cette multiplicité d’informations pousse certains patients à «s’auto-diagnostiquer» telle ou telle pathologie. Marie-Adèle Pré, médecin à Veneux-les-Sablons en Seine et Marne, confie qu’elle s’est habituée à ce type de relation, où le patient arrive avec «une idée de diagnostic, une quasi-ordonnance, voire un gros dossier apparemment constitué sur Internet». Elle ne s’en formalise pas et au contraire essaye de les aiguiller au mieux dans leur démarches : «Il m'arrive de conseiller des sites dont j'ai vérifié le sérieux, et où je sais que mes patients pourront trouver les outils pour mieux comprendre ce que je leur ai dit», explique-t-elle.
Selon une étude présentée le 13 avril dernier et réalisée par le groupe d’études et de recherche en marketing de la santé (Germs) de l’Université Pierre-et-Maire-Curie, 1/3 des 42 millions d’internautes en France surfent aujourd’hui à la recherche d'informations médicales. Ils recherchent essentiellement sur le net des informations sur les alternatives thérapeutiques, les maladies, les médicaments, la nutrition ou la forme physique en général. Cependant, seuls 14 % des sondés font «tout à fait confiance ou plutôt confiance» aux sites web pour leur santé. Internet prend donc une place grandissante dans la relation médecin-patient, avec tous les avantages et les inconvénients que comporte ce changement.
Ainsi le docteur André Deseur (ici) du Conseil national de l'ordre des médecins rapporte que «ce partenariat peut être très constructif», notamment lorsque le médecin est confronté à une maladie rare ou peu rencontrée au cours de sa carrière. Avoir face à lui un patient très documenté peut alors s’avérer très positif. Internet permet aussi d’augmenter le niveau de connaissance global de la population en matière de santé.
En revanche l’aspect négatif réside dans ce trop plein d’informations, non hiérarchisées et même parfois peu fiables. Selon le docteur Marie-Adèle Pré, le vrai problème ce sont «les gens très renseignés, mais à partir de sites peu fiables». Elle estime qu’ «il faudrait leur apprendre à mieux cadrer leurs sources d'information». L’idée serait d’éduquer les internautes, qui pour trouver de l'information, ont l'habitude d'aller sur un moteur de recherche et de formuler leurs requêtes à partir de noms de maladies, de médicaments ou de signes cliniques mineurs (diarrhée, toux...). Rares sont ceux qui consultent d'emblée les sites de santé, sauf les plus connus comme «Doctissimo».
C'est pourquoi, depuis fin 2007, la Haute Autorité de santé (HAS) a choisi de mettre en avant le site de la fondation «Health on the Net». (HON), chargée de promouvoir et de mettre à disposition de l'information en ligne sur la santé et la médecine (ici). Devant cette place grandissante du web dans la médecine, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) organisera également le 4 mai prochain, un grand débat sur ce thème (là). Quant à la HAS, elle se propose de certifier gratuitement les sites de santé (ici). Voici finalement la liste des sites certifiés afin d'avoir accès vous aussi une information médicale de qualité !
Pour aller plus loin : Article source ici. Blogs internet et santé ici et là. santé 2.0 ici. Le blog de la santé là. Supergélule, le blog d'un pharmacien ici. Réflexion sur le désamour pour la science « La science prise en otage » par Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’université Pierre et Marie Curie là.