Un bon coup de blanc.

Dans la série "Fais tout toi-même parce que tu as eu la grande idée de choisir le seul bonhomme dont les capacités en bricolage sont inexistantes", je suis en plein épisode peinture.

Je me demande comment c'était encore possible, en 2002, de tapisser tous les appartements d'une résidence neuve avec un papier peint certes pas aussi effrayant que ceux des années 70, mais tout de même quelque peu ...

Enfin voilà quoi.

Moi ça me rend folle. C'est pas comme si j'avais d'autres pièces dans lesquelles m'évader quand j'étouffe entre ces murs jaunâtres aux motifs incompréhensibles qui ne s'accordent avec aucune couleur dans le mobilier et la décoration. Puis faut se souvenir que vu ma situation, je passe pas mal de temps avec eux. Depuis que je vis ici, je rêve de voir les murs blancs, juste blancs. Clairs. D'une couleur unie. Qui donne la sensation de ne pas être enfermée. Mais quand j'en parle, le bonhomme dit "Ca sert à rien, tu resteras pas longtemps dans cet appartement".

Les mecs, ça comprend rien au bien-être chez soi et à la déco.

Eux, tant qu'il y a une Playstation et un frigo, il pourrait y avoir des mouches encastrées depuis dix ans dans les murs qu'ils ne s'en rendraient même pas compte.

Un matin, dès mon réveil, je n'ai même pas fait de passage au pipi room ni à la cuisine, j'ai pris mon spray pour les plantes et j'ai pshité de l'eau plein de papier peint de l'entrée.

Et hop, magie, ça s'est décollé.

J'ai trouvé ça rigolo alors j'ai continué. Sur trois mètres environ.

J'ai donc dit au bonhomme "Tu vois, on peut pas laisser comme ça. Il faut peindre maintenant".

Il a répondu "Ah ben ouais", en soupirant.

Traduction : " Tu vas galérer, mais comme tu sais que je suis nul pour ces trucs-là j'ai pas le temps de le faire avec toi, bon courage".

Même pas peur, je me suis lancée. Toute seule, comme une grande. Alors que je sais pertinemment que je ne sais pas peindre. 

Alors pour celles, qui comme moi, ne sont pas douées de leurs mains et qui rêvent de changer leurs murs, sachez-le, c'est pas si difficile que ça.

Tout d'abord, choisis des fringues dont tu te fiches royalement, parce qu'elles vont finir comme ça.

Equipe-toi d'un peu de matériel, un pinceau pour dégager les angles parce que c'est Valérie Damidot qui l'a dit, un rouleau et des recharges, du scotch papier, des sacs poubelle, un cuter, une serviette de bain pourrie, une éponge, une grille pour "essorer" le rouleau, ainsi qu'un escabeau piqué à belle-maman.

Et avec un pot de peinture, c'est plus pratique. J'ai fait dans le pas cher, chez Carouf et Auchan. J'avais pas assez de budget pour prendre du bio, malheureusement.

Allez, pour 25€, tu refais votre salon !

Faut juste penser au fait que pendant quelques jours, tu n'es plus une femme avec de la féminité. Tu pues la transpiration, t'as de la peinture plein les cheveux, le visage, tes pieds baignent dans les gouttes, tes mains sont sèches, tu prends trois douches par jour, mais dieu que le résultat est jouissif quand tu en as rêvé.

Sans parler du décollage du papier-peint, pendant lequel il faut couper le courant puisqu'on met de l'eau partout, même si on protège entièrement les prises, le plus casse-pieds, c'est la préparation à la peinture. Ca prend presque autant de temps que de peindre, en fait.

Prises, interrupteurs, chauffages, interphone, compteur, placards, plafond ...

Les sols ... Puisqu'ils vont finir comme ça, eux.

Finalement, avec un rouleau, c'est moins compliqué que ce je croyais. Il y a quelques couacs,  mais bon, ça fait marcher la logique, la réflexion, la patience.  C'est même marrant, en fait.

Malgré tout, ça épuise. Mais vraiment, hein.

Genre comme si j'avais fait du sport toute la journée, à chaque fois. Et ça muscle le bras, le droit, pour ma part. Alors, les pas douées comme moi, convaincues?

Voilà, désormais c'est blanc. Blanc de chez blanc. Clair. Net. Uni. Comme j'aime. Comme un appartement des années 2000.

Enfin, je respire !

Bientôt (parce qu'il me reste deux murs encore à faire, mais plus petits), je vais pouvoir décorer ce satané appartement à mon goût, en accordant les couleurs, en mettant un peu de raffiné par ci par là. Enfiiiiiin.

Mais en attendant, il va falloir ranger le chantier et le bordel alentour que j'ai mis sans me rendre compte

A moins que ça, ce soit dans les cordes du bonhomme.