Frimeurs, poseurs, flamboyants, viscéralement rock’n’roll, tels furent The Hives mardi soir au Bataclan. The Hives – sorte de chaînon manquant entre les mods (pour
l’élégance), le rock garage, les Sex Pistols et AC/DC – ont le truc primaire, le secret du riff tellement évident qu’il fait basculer tête la première dans le moindre de leurs morceaux.
Avec The Hives, un programme : se la jouer. Le rock, pour eux, c’est quelque chose de très simple. Des rythmiques incendiaires et des refrains-slogans hurlés à tue-tête. Quand on fait partie
de The Hives, on est là pour en faire des tonnes, pour se pointer sur scène en costumes noirs et chaussures vernies blanches (ou l'inverse). Le règlement est clair. En uniformes pour en découdre.
C’est malheureusement de saison de l’autre côté du périph’. Mardi, les rockers vikings se contentèrent juste, sans attendre, de foutre le feu au Bataclan…
Quand les poses rock sont à la mode, quand les guitares électriques et les jeans slim sont devenues les accessoires fétiches de tel ou tel simili-Slimane, le quintette suédois est venu rappeler
en quelques riffs mortels ce qu’était la quintessence du rock’n’roll. Camouflet salutaire à tous les imposteurs. En effet, il y a les poseurs qui nous ennuient parce qu’ils voudraient tellement
nous faire croire qu’ils sont ce qu’ils ne sont pas qu’ils en deviennent dérisoires et pathétiques. Et puis il y a les frimeurs qui nous plaisent car ils assument totalement d’en faire trop. The
Hives, comme Electric 6 ou les Eagles of Death Metal, font partie de la deuxième catégorie. Et c’est particulièrement jubilatoire de les voir prendre à bras le corps tout ce que la rock’n’roll
attitude implique de morgue, d’énergie et de prétention.
The Hives, il faut le savoir, est un groupe en représentation perpétuelle. Un groupe "bigger than life" comme on dit dans le cinéma hollywoodien. À ceux qui seraient épris de sincérité et de
modestie, on conseillera de passer leur chemin, d’éteindre l’ampli, de débrancher la pédale d'effets et d’acheter New Moon, le plus beau disque de l’année. Mais pour qui aimerait le
maniérisme au cinéma, l’outrance, la flambe et les fêtes foraines, on ne saurait trop recommander de mesurer la valeur de The Hives sur scène. Il faut voir le guitariste-hurleur, Nicholaus Arson,
mimer l’épuisement, se traîner par terre, souffler sur ses doigts engourdis avant d’entamer un solo. Il faut voir Pelle Almqvist, le chanteur, accumuler les déhanchements à la Jagger, haranguer
le public en français et se permettre même de l’engueuler dès que la pression retombe. Une classe folle. Bref, depuis trois jours, je réécoute The Hives en boucle et j’attends déjà de pied ferme
leur prochaine date parisienne.
Une vidéo de l'Elysée Montmartre, quelques années plus tôt, pour se faire une idée...