Afin de commencer cette nouvelle année sur une touche positive, rien de tel que de se tourner vers le Japon pour faire le point sur un des projets animés les plus excitants à venir : Despera. Mon objectivité est certes ici sujette à caution puisqu’on retrouve à l’affiche un nom déjà évoqué dans ces colonnes : Yoshitoshi ABe, dessinateur (Serial Experiments Lain), auteur de doujinshis et de séries animées (Haibane Renmei). Ici, il est aux commandes du character design et des pages mensuelles qui paraissent dans le magazine japonais Animage. Et ce n’est pas tout : au scénario, on retrouve Chiaki J. Konaka, auteur pour Lain, Texhnolyze et Ghost Hound, et à la réalisation, Ryutaro Nakamura, qui a lui aussi oeuvré sur Lain et Ghost Hound ainsi que sur Rec. Comment calmer le fan qui ne se contient déjà plus à la vision d’un tel staff ? Certainement pas en lui racontant le pitch dingue sur lequel se base l’anime.
Ce qu’on sait pour le moment, c’est qu’on va faire la connaissance du personnage de Ain, une fille de quatorze ans qui construit des appareils sans connaissances électroniques particulières, dont des tubes cathodiques. En 1922, au Japon (lors de l’ère Taïsho), période pendant laquelle se déroule l’anime, ils commencent tout juste à être commercialisés. Un second personnage, « l’homme », une sorte d’ami d’Ain vivant dans les sous-sols du Ryōunkaku, un célèbre immeuble de douze étages situé dans le district d’Asakusa à Tokyo, prétend pouvoir voir le futur à travers les tubes cathodiques. Ces détails proviennent de la première publication de Despera en Juin 2009 et posent de nombreuses questions : de quoi ça va parler ? Quelle sera le style de l’anime ? Science-fiction ? Rétro-futuriste ? Combien d’épisodes pour développer l’histoire ? Ca sort quand ? Autant de questions qui restent sans réponse, des détails supplémentaires se trouvent certainement dans cette interview réalisée en Septembre, mais elle n’a pas été traduite à part deux questions, et la page ne répond même plus. On apprend tout de même que le visage de l’homme ne sera pas montré dans le magazine mais sûrement dans la série, car c’est un personnage qui reste un peu en retrait. Du côté d’Animage, pas de traductions en vue non plus, personne ne semble s’y être mis pour le moment, en tous cas. Reste à s’intéresser aux images.
Le spectateur attentif ne peut que saliver face à ce qu’il voit : ici, Ain est entourée d’écrans, de câbles et de machines étranges, ce qui permet d’imaginer un contenu techno-futuriste à creuser ; le fait qu’elle se retrouve à 14 ans face à ces choses est également intéressant. Ici, on la voit porter un habit qui ressemble à ceux de Rakka dans Haibane Renmei, alors qu’à côté est reproduit l’immeuble dont je parlais plus haut. J’apprécie beaucoup ce charme rétro et les teintes utilisées pour représenter la tour. Ici, Ain semble être une petite experte en création d’objets qui nage parmi la technologie ! Aussi, sur plusieurs dessins apparaît une imagerie militaire, avec tanks stylisés, chevauchés par Ain, drapeau et sentiment patriotique… Ici, à droite, les dessins rappellent les vieux appareils de projection. Le même mois, on découvrait une des meilleures illustrations à ce jour, qui m’a tout de suite rappelé un film expressionniste allemand, Le cabinet du docteur Caligari, en raison de la représentation de la ville comme tordue, déformée. J’aimerai vraiment avoir le magazine entre les mains pour mieux contempler cette image. Les dernières illustrations m’ont plutôt amusé en représentant des sujets plus légers comme l’alcool, la nourriture, les servantes… On découvre des personnages d’ABe en maid, ce qui n’était encore jamais arrivé. Alors, pourquoi toutes ces casquettes pour Ain ? Des boulots ? Peut-être. Une seule chose à dire : spéculations et wait & see.
Sans vouloir jouer le fanboy de base, je trouve qu’encore une fois ABe arrive à placer une ambiance folle dans ses illustrations. Aux vu des dernières planches, le monde de Despera m’a l’air très sombre. De sa part et de la part d’une histoire brainstormée par Chiaki Konaka, cela ne m’étonne pas vraiment. J’ai l’impression qu’on est ici face à quelque chose d’assez inédit et qui promet beaucoup. Pour l’instant, comme je le disais, pas de studio, pas de date, rien. La publication dans Animage devant durer un an et donc s’achever en Juin 2010, on peut supposer que de plus amples informations seront fournies à ce moment-là… C’est long d’attendre ! En attendant, comme j’ai décidé de fermer mon blog parallèle L’atelier d’ABe pour rassembler les news ici quand elles sont suffisantes, voici une ou deux autres choses. Le dernier Comic Market, énorme convention japonaise, vient de s’achever, et comme à son habitude, ABe vendait deux doujinshis : le premier nous rappelle qu’il s’occupe du character design d’un jeu Wii Ware à venir au Japon, Junshoku Keiji, et le second est un recueil de dessins noir et blanc de 32 pages A4. Pour les obtenir, il n’y a pas 36 solutions : avoir contacté assez tôt une connaissance traînant au Comicket, ou guetter eBay et surtout Yahoo Auctions… En tous cas, merci à Smankh pour l’info. Aussi, ABe publie désormais le doujin Ryushika Ryushika dans un webzine, c’est évidemment en japonais mais allez voir quand même ! Enfin, n’oubliez pas le Pixiv d’ABe qui propose parfois quelques croquis et dessins inédits. Allez, on se retrouve pour les prochaines news.