C’est à nouveau l’heure des choix pour les animefans du monde entier : quatre fois par ans, une vingtaine de nouvelles séries sont diffusées, et chacun choisit ce qu’il va suivre sur la base de différents critères plus ou moins acceptables. Pour ma part, quatre ou cinq séries ont retenu mon attention et les hostilités viennent de commencer avec So.ra.no.wo.to.
Cette série dont le premier épisode vient d’être diffusé lance le projet Anime no Chikara, fruit d’une collaboration entre la boîte de production Aniplex, le studio A-1 Pictures et la chaîne de télévision TV Tokyo. L’idée est d’allouer une case horaire précise (le Mardi à 1H30 du matin) à des créations originales, et non des adaptations de mangas, light novels (romans pour adolescents) ou visual novels (romans interactifs) comme cela se fait souvent. Le risque est toujours plus grand car une adaptation a souvent l’avantage de s’assurer au moins la fidélité des fans du format d’origine. L’attente des amateurs autour d’Anime no Chikara est donc certaine, vous trouverez d’ailleurs force détails supplémentaires sur la genèse de ce projet ainsi que sur la série qui nous intéresse en consultant Mata-Web, Manganimation et Anime-Janai. Même si je renvoie mes chers lecteurs vers ces adresses hautement recommandables, faisons quand même un petit point sur l’histoire : Sorami Kanata est une jeune fille de 15 ans qui s’est portée volontaire pour faire partie de l’unité 1121 de l’armée d’Helvetia, basée à Seize, ville-forteresse ayant subi de nombreuses guerres. Son véritable rêve est d’apprendre la musique depuis qu’une femme soldat lui a remis une trompette dans son enfance.
C’est en Juillet 2009 qu’on entendait parler de la série pour la première fois, avec un artwork alléchant de Mel Kishida, dont j’apprécie énormément les illustrations réalisées pour le RPG Playstation 3 Atelier Rorona (qui va sortir en France). Sans même savoir de quoi elle parlait, je savais que cette série allait m’intéresser car un des critères sur lesquels je me base le plus pour faire mes choix est le character design. Août 2009, surprise : le trailer dévoilé montre un chara design très fortement inspiré de celui du célèbre K-On!, série qui a fait couler beaucoup d’encre y compris chez moi. Pour faire court, cet anime, bien que largement apprécié par les acheteurs nippons, a essuyé pas mal de critiques pointant du doigt notamment son absence totale de fond à l’avantage d’une overdose de moe (des choses mignonnes faites de façon mignonne par des personnages mignons). Certains avancent aussi plus radicalement que le moe est une engeance démoniaque destiné au public otaku inadapté à la vie sociale qui trouve dans ces visages doux et rougissants un exutoire rassurant au développement de l’indépendance chez la femme moderne (ouf). Bon, pourquoi pas. Cependant, pour moi, l’éventuel problème ne se situe pas au niveau visuel.
Premièrement, si K-On! n’avait jamais existé, ce débat n’aurait pas lieu. Si la filiation graphique est évidente, associer un certain fond avec un certain design n’est pas toujours crédible, surtout quand ce rapprochement tient surtout de l’association d’idée foireuse. L’été dernier, la série Tokyo Magnitude 8.0 associait un design simple avec l’histoire pour le moins sérieuse d’enfants victime d’un tremblement de terre à Tokyo, et ça fonctionnait très bien. Comme souvent, la machine infernale du troll a huilé ses rouages pour accabler une série qui n’en demandait pas tant. Malgré ma surprise à la découverte du chara design, j’ai trouvé qu’il était très bien dans ce premier épisode, filles comme garçons. Il est tout à fait possible de le trouver laid esthétiquement, mais invoquer je ne sais quel concept rattaché à ces visages avant même la diffusion de la série montre selon moi un certain ennui. Ce qui compte, c’est le fond. Et questions personnages, Sorami est mignonne mais j’espère que son côté gentiment maladroite ne sera pas trop exploité car pour le coup, ce serait donner un véritable argument pour comparer la série à sa fausse soeur. En clair, je n’ai pas très envie d’une Yui bis, même si les quelques conneries qu’elle fait permettent aussi je suppose de montrer le décalage entre son ambition naïve de trompettiste et la réalité du contexte dans lequel elle va se retrouver.
Côté histoire, j’avoue que je ne m’attendais pas au récit d’une légende, j’imaginais un contexte plus terre-à-terre sans fantastique, mais pourquoi pas, cette séquence au moins est vraiment jolie, très sympathiques dessins. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des décors qui sont très soignés et inspirés de la ville espagnole de Cuenca dans laquelle une partie de l’équipe de la série s’est rendue pour s’inspirer et prendre des photos. La maison de Rio est d’ailleurs calquées sur les maisons suspendues, particularité de la ville. Mes passages favoris de cet épisode sont assez largement les deux incluant les trompettes, ils sont jolis et mettent un peu de sérieux après la folie du festival et les maladresses de Sorami. Lorsque l’ending apparaît, on se pose plusieurs questions : est-il à l’image de la série ? Pourquoi le pendentif de Rio est-il si précieux ? Quel est son problème avec Phylicia ? Pourquoi Sorami pleurait toute seule au milieu de nulle part ? Qui est la femme qu’elle a rencontrée ? Les cinq filles sont-elles les nouvelles maiden ? La guerre va t’elle reprendre ? Que va t’elle faire pendant treize épisodes ? J’ai bien aimé cet épisode de découverte légère du village et des deux personnages mais j’espère qu’on va vite arriver aux choses sérieuses. L’énorme tank qu’on voit dans les courtes scènes avec Noel attise ma curiosité. Il faut que ça explose, que ça saigne, que ça bouge ! La guerre, quoi ! En attendant, je vous laisse avec quelques jolis visuels.
MISE A JOUR : Kaze simulcast la série sur sa plateforme payante KZPlay !