Dans La Presse de samedi du 10 avril 2010, côte à côte, un éditorial d’André Pratte et la réflexion d’un dénommé Travis Bickle m’ont ramené aux années 70. Comme si, depuis, rien ne s’était passé. Les mêmes trucages. Le même mépris. Et les mêmes acteurs.
Les mêmes trucages. Ai-je été distrait? Je ne crois pas avoir vu un reportage dans La Presse synthétisant, avec les chiffres, l’étude du député Pierre Curzi. Mais j’y ai lu au moins trois commentateurs la discréditant: Michèle Ouimet, Alain Dubuc et André Pratte. Ce dernier propose 1941 comme période de référence! Entre 1941 et 2006, “pas de changement significatif”. Ainsi donc nous en serions toujours à 1941. Pourquoi 1941? Vraisemblablement pour noyer l’impact de la loi 101 qui pendant quelques années a fait progresser le français comme langue d’attraction mais qui, érodée à 200 reprises par les décisions de la Cour suprême du Canada, n’arrive plus à exercer le même attrait, particulièrement depuis depuis 2001. C’est ce que démontre l’étude de Pierre Curzi.
Le même mépris. Alain Dubuc parle des “névrosés” de la langue. Michèle Ouimet, de “fond de commerce”. Le comble vient du dénommé Travis Bickel dont le responsable des pages Forum de La Presse, André Pratte, publie la contribution. Une pièce d’anthologie, reprenant un à un les arguments que les suprémacistes anglo-saxons de l’age d’or du colonialisme “canadian” sur le Québec ont servis continuellement jusqu’au milieu des années 70.
En effet, pour eux, si au Québec l’anglais était la langue des affaires, de l’administration, du commerce, des rapports sociaux et des rapports politiques et s’ils n’avaient pas au cours de ces siècles appris un traitre mot de français ce n’étaient surtout pas parce qu’ils étaient les vainqueurs, les exploiteurs et les dominants, mais bien parce que les “frenchies” parlaient, comme le dit Bickle, un “français… de qualité inacceptable…une langue régionale, locale même”. Qu’à l’époque ils nommaient “french patois”. Il aurait suffi que nous parlions le français de France et, tous, ils s’y seraient mis! C’est certain! Donc, c’était notre faute!
Les mêmes acteurs. Power Corporation, aujoud’hui Gesca, tient encore le rôle d’opposant. Contre le projet de loi 101 il était aux avant-postes. Avec le Conseil du patronat, le monde des affaires et l’élite anglophone, il a livré une bataille titanesque qui n’a pas eu raison de l’entêtement d’un psychiatre, appelé Camille Laurin, qui, s’appuyant sur le mouvement social, ne s’est pas laissé intimider.
Et, à nouveau aujourd’hui, le mouvement social est au rendez-vous. En effet, hier, dimanche, le Monument national n’était pas assez grand pour accueillir tous ceux et toutes celles qui voulaient participer au Grand Rassemblement convoqué par une coalition de 25 organisations. Le 22 octobre 2009 la Cour suprème du Canada sévissait encore une fois. Elle a invalidé la loi 104 adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec pour interdire l’achat du droit constitutionnel de faire éduquer ses enfants dans le réseau public anglais en payant un séjour dans une école privée non subventionnée, dites “école passerelle”.
Mêmes acteurs? Mais quand est-ce que nous verrons un autre film?
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La langue, une impression de déjà vu !