Magazine Politique
Dominique de Villepin ne peut voir qu'avec intérêt très positif l'actuel climat de besoin de neuf qui s'installe lors de processus électoraux dans les démocraties comparables à l'exemple de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis.
Dominique de Villepin va organiser la création de son mouvement dans des circonstances particulièrement porteuses.
En effet, les partis politiques classiques vivent un véritable trou d'air.
Cette situation est le fruit de trois facteurs.
En effet, trois cassures sont intervenues dans des conditions graves.
Tout d'abord, la Vème République reposait sur la sacralisation du suffrage universel direct. Pour un Ministre, être battu au suffrage universel direct a longtemps emporté l'obligation de quitter les fonctions ministérielles. L'actuel Gouvernement compte 19 Ministres qui ont pris une raclée lors des régionales et font comme si de rien n'était. Mais l'opinion ne suit pas cette désacralisation du suffrage universel direct. Le Gouvernement est donc terriblement fragilisé par les échecs électoraux de près de la moitié de ses membres.
Ensuite, le pays parait sans règle. Ou plutôt, il y a trop de règles pour savoir celles qui sont susceptibles de s'appliquer. Il y a trop de changements dans l'affirmation des règles pour disposer de la visibilité claire. Avec Xynthia, le Gouvernement a adopté le rétropédalage en direct. Avec la burqua, le Gouvernement choisit la crise de légalité annoncée par l'avis du Conseil d'Etat.
Enfin, les partis politiques semblent en panne de sens. Ils sont désertés. La démocratie moderne les pénètre peu. Le renouvellement les impacte faiblement.
C'est un immense trou d'air généralisé.
Dans ce contexte, comment rester neuf et original ?
Un parti politique a certes besoin de militants mais il a surtout besoin d'électeurs. Il ne peut pas choisir les premiers (militants) contre les seconds (électeurs).
A de multiples reprises, des grands rassemblements ont dégagé des ambiances rendant les centres d'intérêts trop divergents pour rester compatibles.
Plusieurs repères vont s'avérer essentiels dans l'organisation même du 19 juin.
D'abord, le choix du décorum qui doit permettre une réelle communion et une proximité entre les intervenants et la foule.
Ensuite, intégrer des temps de naturel loin de toute enflure formaliste.
Puis, organiser la circulation " libre " des journalistes qui doivent pouvoir arpenter la salle pour rencontrer les témoins qu'ils choisissent en toute " autonomie ". Cette présence médiatique est un volet essentiel du succès de Convention de ce type.
La présence d'une foule de correspondants journalistes est la condition indispensable du succès de tout lancement de cet ordre.
Une Convention réussie peut représenter un bond de 7 à 10 points dans les sondages. C'est donc un formidable tremplin pour franchir de nouveaux seuils au moment où le Président sortant est manifestement très fragilisé.