Pour être franc, je dois dire que j’étais complètement passé à côté du premier album de MGMT, Oracular Spectacular.
Dans un genre pas si lointain, j’avais préféré l’album Manners de Passion Pit. Sortis plus tard, mais que je trouvais plus addictif.
Et puis il y avait ce buzz très chiant. Votre nouveau super groupe, etc, etc… Rotation lourde sur Canal et le Grand Journal. Time to Pretend et Kids partout : au ciné, dans les séries, sur TF1. Bof, bof.
Et voilà que trois ans plus tard sort leur second album. Généralement le quitte ou double pour un groupe. Faire mieux ou équivalent que les débuts enthousiasmants dans le meilleur des cas. Faire moins bien et commencer le déclin de sa carrière (connu sous le nom de syndrome Endtroducing de DJ Shadow).
Plus que par le groupe lui-même, c’est par la pochette (très psyché 60’s/70’s) et certaines annonces que j’ai été attiré.
On promettait une sorte de pop psyché, des références à Brian Eno, Dan Treacy, des relents Beach Boys…
C’est donc avec une oreille curieuse et dubitative que je me suis jeté sur cet album. Et vous savez quoi ? Il s’avère être une très bonne surprise. Un album qui pourra voir deux camps se former. Ceux qui décrocheront dès les premiers morceaux, et ceux qui y verront une continuité ou un bond en avant.
Car finalement Congratulations amorce ce qu’on sentait poindre sur Oracular : un tournant plus pop.
En effet, le duo de Brooklyn a largement lâché l’electro de ses débuts pour l’intégrer de manière plus subtile dans des compositions pop qui rappellent les grandes heures de ce genre. Du surf au glam, des Beach Boys à Bowie.
MGMT fait le grand écart. Leur album est à la fois rétro et moderne, et surtout doté d’une grande cohésion.
Quitte à ne contenir aucun single ou hit massif potentiel comme c’était le cas précédemment.
De ce court album (9 pistes), certains morceaux restent pourtant ancrés fermement dans la tête. L’intro It’s working ou la ballade I found a whistle qui s’envole dans des dimensions stratosphériques.
Le très glam Flash Delirium ou le morceau éponyme Congratulations sont eux aussi deux petites perles.
Mais la palme revient pour moi à Siberian Breaks.
Morceau progressif par excellence qui remplit à lui seul un tiers de l’album (12min) et qui finalement pourrait servir de bilan de l’album et de synthèse du travail accomplit jusque là par le groupe.
Commencant comme une simple ballade folk, il avance et évolue, se déploie, change de ton et de rythme, d‘atmosphère. Dérivant lentement vers le rock, puis retombant vers une atmosphère bien plus calme. Avant de se terminer dans une plage électro hypnotique et aérienne. Du pur bonheur. Si vous avez écouté pas mal de groupes des 70’s, bon nombre de références vous viendront en tête (à titre d’exemple, j’y ai retrouvé l’America des débuts).
Et comme pour appuyer leur concept, et faire comprendre à ceux qui n’auraient pas imprimé leur direction, on notera aussi à côté de tout cela un hommage à Dan Treacy (des Television Personnalities) sur Song for Dan Treacy, et à l’immense Brian Eno, sur le morceau éponyme.
Durant ses quelques 40 minutes il se dégage de l’album un sentiment agréable et étrange. A la fois spacieux, délicat et enjoué, il vous rappellera que l’été approche à grand pas. Mais il injecte une petite pointe de nostalgie et de mélancolie.
Envers certaines heures de la musique, mais aussi aux travers des ambiances qu’il déploie (Someone’s missing, Congratulations).
Congratulations n’usurpe donc pas son titre tant il les mérite. Intelligent, superbement travaillé, assurément bien plus intéressant que ne l’était son petit frère, il est sans conteste un des petits bijoux pop de ce mois.
Un joyau qui n’attend plus qu’une chose, se nicher confortablement dans vos oreilles.