Vieux-Sextier

Par Viviane Michel

La rue du Vieux-Sextier va de la rue Rouge à la Place Pie.

En 1762, le sextier, qui se trouvait jusqu’à présent dans le quartier des Boucheries, fut déménagé et placé au-dessus d’une halle qui se trouvait sur la place Pie. Cette halle, construite par le fils de Jean-Baptiste Franque de 1760 à 1764, resta longtemps le grenier public de la ville. Le sextier était la sixième partie du « conge », lui-même étant une mesure de capacité chez les romains.

La rue s’est appelée rue Aquaviva, du nom du vice-légat en fonction à l’époque. Jean-Baptiste Franque voulut en faire une rue ayant un style uniforme. Elle fut reconstruite presque entièrement de 1749 à 1754 et le résultat de ces modifications en fait, encore aujourd’hui, la rue la plus régulière quant à ses façades. Ces aménagements firent disparaître l’Hôtel de Villefranche. Celui-ci fut acheté 45.000 livres par la ville au début des travaux de transformations de la rue.En 1791, le nom de rue Aquaviva fut enlevé et on grava à sa place « rue Neuve ». Les Avignonnais l’appelaient déjà rue du Vieux-Sextier. En 1843, la commission des alignements donna à l’ensemble de cette rue le nom qu’elle avait déjà de la rue Rouge à la Boucherie, c’est-à-dire rue du vieux-Sextier.
N° 5 : l’inscription « Marché aux Herbes » reste très lisible sur le mur.
N° 10 : façade nord de l’ancienne église St-Geniès ou St-Genêt (la façade sud est au n° 11 de la rue de la Bonneterie). Ce côté de l’église est plus richement décoré que la façade de la rue Bonneterie. Et il est surprenant de rencontrer ces vestiges racontant le passé au-dessus de boutiques recherchant perpétuellement la modernité. Ces deux façades tronquées sont tout ce qui reste de cette ancienne église et le riche décor est attribué à Jean-Baptiste Franque qui l’a rebâtie en 1737. Elle était une des sept paroisses de la ville jusqu’en 1790. La vitrine d’un magasin au rez-de-chaussée la rend invisible à ceux qui marchent sans lever les yeux. C’était la seule paroisse à ne pas posséder un cimetière à proximité (sauf au XVI e siècle où un minuscule terrain voisin remplit cette fonction). Les défunts de la paroisse Saint-Geniès étaient enterrés dans le cimetière Notre-Dame de Nazareth situé près de la porte Limbert en bordure de la rue des Clefs. Il avait été cédé en 1568, puis repris cinquante ans plus tard par les Carmes Déchaussés suite à un procés qui dura plus de quatorze années. La paroisse se trouva sans endroit où ensevelir ses morts et les inhuma dans un caveau au sous-sol de l’église et dans ce minuscule terrain cité plus haut. Monseigneur de Gonteri avait interdit l’utilisation de ce petit cimetière ; interdiction non respectée puisque plusieurs enterrements se firent entre 1707 et 1721 date de la grande peste. En septembre 1723, un grand espace se trouvant à neuf cents mètres de l’église, rue Franche exactement, leur fut attribué en tant que cimetière. La bénédiction eut lieu le 5 mars 1724. De même, en 1777, suite à des requêtes mettant en cause l’hygiène et les mauvaises odeurs, on en vint à interdire l’inhumation des morts dans les caveaux des églises. Cette interdiction fut respectée dans le Royaume, mais dans le Comtat, la coutume dura jusqu’en 1791. C’était un prestige pour les paroissiens de reposer éternellement dans la maison de Dieu. Voilà pourquoi, il fut construit hors les murs, à Saint-Roch, un grand cimetière. Le premier enterrement à Saint-Roch eut lieu en octobre 1791. Mais ce cimetière ne plaisait pas et la dernière cérémonie annonça sa fin le 3 juillet 1833. Tous les ossements ont été récoltés quelques années plus tard et une stèle le raconte dans le cimetière Saint-Véran.
N° 19 : Hôtel de Belli. Famille d’origine piémontaise qui a vécu à Avignon au XVIe siècle dans cette rue. Il reste de cette époque la vierge dans la niche gothique qui décore l’angle des deux façades.

N° 20 : trois grandes portes surmontées de sculptures sont malheureusement dégradées par les boutiques du rez-de-chaussée. La même chose se reproduit en face aux numéros 29 et 33. Vestiges de la décoration uniforme voulut par l’architecte Franque.

N° 22 : la Boucherie de Jean-Baptiste Franque. On reconnaît les têtes de bœufs et de béliers, des lettres, des hachoirs et autres instruments de boucherie, sculptés sur la façade peinte en rouge brique et coupée par un porche. En face, le bâtiment symétrique avait été construit pour servir de poissonnerie. Derrière, il y avait la triperie. Aujourd’hui le bâtiment abrite des commerces. Depuis quelques semaines, des grands travaux de réhabilitation ont été entrepris pour redonner une valeur à cette Boucherie.