Monument
emblématique de la ville, chanson populaire connue dans des pays même
lointains, le pont d'Avignon trempe ses quatre arches restantes dans le
fleuve depuis le XIIe siècle. Ce pont est le plus vieil ouvrage construit sur le Rhône. Avec cette construction est née la légende de Benézet ("Légende": nom féminin; latin médiéval 13ème siècle legenda "ce qui doit être lu"): l'histoire se passe au XIIe siècle: Benézet (petit Benoît) était un berger ardéchois. Un
jour, il entendit une voix et cette voix lui ordonna d'aller jusqu'à
Avignon et d'y construire un pont. Il se rendit à Avignon, guidé par un
ange; lorsqu'il raconta son histoire, le peuple se moqua de lui.
Alors, il prit une énorme pierre, la souleva et la porta jusqu'au
Rhône. Persuadées de sa bonne foi et convaincus que le ciel était avec
ce petit berger, les autorités et la population entreprirent aussitôt
la construction de ce pont. C'était en 1177. Le pont terminé mesurait 4
mètres de large, 920 mètres de long et comportait 22 arches et allait rejoindre la tour Philippe le Bel à Villeneuve lez Avignon en enjambant l'île de la Barthelasse à peine formée. Il fallut seulement 8 ans pour le construire ce qui était une prouesse à l'époque.
Benézet est mort en 1184, un an avant l'achèvement du pont. Il ne vit jamais
l'œuvre qui porte son nom. Il fut enterré dans la
chapelle Saint-Nicolas
et y resta jusqu'en 1674. Ensuite, l'état de délabrement du pont fut
tel que les reliques du saint furent placées ailleurs, dans un endroit
plus sûr.
Il est
vrai que ce pont a
connu pal mal d’avaries à cause de la puissance du fleuve, et lors
d'inondations et de gel. Comme c'était un monument stratégique, l'homme
le cassait et le réparait selon ses propres besoins. Ainsi, après la
capitulation
de 1226, Louis VIII a détruit le pont laissant seulement le morceau
faisant
partie de l’Empire, c’est-à-dire un peu plus que ce qui reste
aujourd’hui. Plus
tard, le roi voulut s’approprier le lit du Rhône dans son intégralité.
1311 fut
le départ d’une longue série de discussions entre la papauté et le
Royaume.
Malgré l’interdiction pontificale, les Avignonnais s’étaient lancés
dans la
reconstruction des arches démolies. Jean XXII contribua à la remise en
fonction
de ce pont et Clément VI a fait construire le Châtelet (tour carrée sur
laquelle arrive le pont) et réparer quatre arches en 1349. Par contre,
Pedro de
Luna, le pape avignonnais (Benoît XIII du schisme), en fait démolir une
pour se protéger des
harcèlements des Ducs d’Orléans, de Bourgogne et de Berry. Ceux-ci
habitaient
Villeneuve et voulaient qu’il renonce à la papauté. L’arche sera
reconstruite
en 1418 par la ville. Le pont, et surtout les échanges marchands qu’il
permettait,
était une véritable aubaine pour Avignon.
D’autres dégâts sur les arches du pont en septembre
1430 et à la fin du XVe
siècle; trois arches en 1602 ; sur la plan de 1618, on voit que le pont
est entier même si quelques arches sont cassées ; deux arches en 1633; en
1650, on répare avec des charpentes; en 1670, le gel emporte les réparations.
Mais les reconstructions coûtaient cher et le Roi de France
décida en 1680, après la chute de plusieurs arches, que le pont ne
serait pas
réparé. Il faut ajouter que la ville d’Avignon percevait un péage pour
l’entretien du pont. Jusqu’en 1818, les passages d’une berge à l’autre
se
faisaient par bacs. Il ne reste, de l’œuvre de saint Benézet, que
quatre arches, la
chapelle Saint-Nicolas et la chanson. Et les belles dames et les beaux
messieurs costumés viennent sur ce pont pour y danser en rond le 14 juillet au
début du festival pyrotechnique.