La rue de la Velouterie va de la rue d'Annanelle à la porte Saint-Roch.
Au moyen-âge, cette rue existait déjà et portait le nom de ses aboutissants :
-Carriera per quam homo vadit de Portu Peyreriorum (il y a très longtemps, se trouvait à cet endroit le quai aux pierres sur le Rhône) ad ecclesia Beatæ Mariæ de Miraculis.
- En 1370 des actes signalent qu’elle a porté le nom de Via Publica de Miraculis.
- En 1548, elle fut appelée Rue de la Mercy et Miracles près le portal de Champfleury. Champfleury, à cause du quartier voisin qui porte encore ce nom..
- En 1626, elle porte le nom de rue des Miracles. Elle était ainsi nommée suite à un miracle qui eut lieu à cet endroit en 1320. La rue à l’époque n’était qu’un chemin au milieu des arbres qui poussaient sans entraves sur ce terrain que le fleuve inondait régulièrement.
Comme la rue d’Annanelle, on nommait ce quartier « l’estel ». On appelait estel un terrain rempli de graviers abandonnés par le Rhône. À un endroit précis où plusieurs chemins se rencontraient en formant une étoile (peut-être une autre signification du mot estel) se trouvait un oratoire avec une madone. La statue de cette madone existe encore et peut être vue dans le couvent des Clarisses de Montfavet. Près de cet oratoire se trouvait le lieu traditionnel des exécutions publiques.
Le 24 mars 1320, un jeune garçon accusé par sa mère d’avoir commis un crime « contre nature », avait été condamné à être brûlé vif. À la mise à feu du bûcher, il s’était tourné vers la statue de la vierge et l’avait implorée. La vierge avait défait ses liens et le jeune homme était sorti des flammes. Il a été remis sur le bûcher et le miracle s‘est produit une deuxième fois.
De cet événement, la place, la rue et même la porte (aujourd’hui Saint-Roch) prirent le nom de Miracles. Une église gothique, Notre-Dame des Miracles, y fut construite en 1326 suite à une bulle de Jean XXII qui avait accepté ce miracle. Ensuite, cette chapelle fut transformée en monastère pour les Repenties, qui fut sous le vocable de Sainte-Marie L’Égyptienne. En 1575, ce lieu fut occupé par les Minimes, du nom de l’ordre monastique fondé par Saint-François de Paule en 1452 à Cosenza, et introduit en France sous Louis XI. Richelieu, pendant son exil à Avignon du 15 mai 1618 au 7 mars 1619, traversait la ville (il vivait à l’hôtel de Beaumont, qu’il avait acheté, situé rue de la Croix pour venir y dire une messe. La façade a été refaite en 1745. Les Minimes sont partis après la Révolution.
Puis, l’église fut vendue comme bien national et eut plusieurs affectations : une caserne, un horticulteur, une fabrique de robinets et, depuis 1930 environ, une fabrique de pompes de la marque Grillot. L’église est actuellement en cours de restauration et les nouveaux propriétaires espèrent pouvoir l’utiliser comme un espace culturel, notamment pendant le festival d’Avignon. La façade fut transformée car l’immeuble fut habité par des particuliers. En 1928, on peut voir cette façade dans une scène du film « Destinée » de Henri Roussel. L’action se passait en Italie pendant la campagne de Bonaparte.
- En 1662, elle prit le nom de rue des Minimes.
Aujourd’hui, son nom de rue de la Velouterie lui vient d’une fabrique de velours installée dans cette rue en 1547 par Guillaume de Laval. Il était aussi connu en tant que geôlier de l’officialité d’Avignon.
Le Rhône étant tout près des portes à cet endroit de la ville, une réserve de poisson d’eau douce, appelée Piscarium, se trouvait tout près de la chapelle à l’époque des papes. Le poisson était capturé dans un étang de Camargue et même de Bourgogne. Il arrivait vivant sur des bateaux aménagés qui remontaient le Rhône. Cette réserve servait au ravitaillement du pape et de ses hôtes.
Les abattoirs ont été pendant longtemps dans cette rue tout près de la porte Saint-Roch. Ils ont déménagé il y a quelques décennies.