Pourquoi avoir choisi de parler des noms de
rues d'Avignon?
D'abord, parce que
c'est un sujet qui me tient à coeur depuis quelques années et dont je
suis actuellement en train d'en faire un ouvrage.
Pourquoi les noms des rues ?
Rue,
ruelle, venelle, sente, sentier, passage, promenade, chemin, voie, impasse,
cul-de-sac, boulevard, avenue, artère, route, autoroute…Tout endroit, aménagé
ou non, par lequel nous nous rendons d’un lieu à un autre, porte un nom de nos
jours, mais aussi autrefois. Sauf qu’on disait alors, le « chemin qui va
de Sorgues à Avignon en passant par les berges du Rhône », « la rue du
Portail Imbert au Portail Peint ». Les voies avaient pour noms leurs
aboutissants ou un détail remarquable dans la rue: une sculpture, un pont, une
auberge, un personnage célèbre : rue du Puits, rue de l’Arc-de-l’Agneau, rue
de l’Amelier, rue Pétrarque, rues des Ciseaux d’Or, rues des Trois-Colombes. À Avignon, les travailleurs se
groupant par corporation à l’intérieur des anciens murs de la ville, les rues
du Moyen Âge portaient souvent le nom d’un métier : bouquerie, bonneterie,
banasterie, carreterie, épicerie, herberie, palapharnerie, teinturiers.
Ces mots faisaient partie de la mémoire collective
avant qu’ils ne fussent gravés dans la pierre ou écrits sur des panneaux. Aujourd’hui
encore, lorsqu’on ignore le nom d’une rue ou d’une route, on l’explique en
signalant une particularité : une enseigne originale, le nom d’un hôtel ou
d’un bar, ou une habitation remarquable ou peinte de couleur inhabituelle.
Heureusement, beaucoup de rues portent encore ces noms évocateurs de notre
passé. Des noms qui nous racontent l’histoire de notre cité, notre histoire.
Les noms de rues d’Avignon, comme ceux de toutes les
vieilles cités, sont des mots qui parlent d’eux-mêmes, qui ont une musique, une
âme, qui ne nous laissent pas indifférents. Ce sont des mots qui nous font
poser des bonnes questions ; la réponse à ces questions est enrichissante.
L’habitant voudra savoir pourquoi sa rue porte ce nom qu’il trouve étrange.
S’il est linguiste et ou provençal, il aura moins de difficultés que le lorrain
venu ici pour son travail, ou l’étudiant étranger exilé provisoirement. Mais
tous auront cette même curiosité.